Lutte contre le tabac : Bruxelles met le paquet

Le commissaire européen chargé de la Santé et de la Protection des consommateurs a présenté mercredi des propositions pour lutter contre le tabac. Avec un objectif : s'attaquer à l'image de la cigarette.

Dissuader et dégoûter, tel est l'objectif de Tonio Borg, le commissaire européen chargé de la Santé et de la Protection des consommateurs. Mercredi, lors d'une conférence de presse, il a présenté les propositions visant à renforcer la législation anti-tabac en vigueur dans l'Union européenne, où le tabac tue prématurément 695.000 citoyens chaque année, "soit plus que la population de Malte ou du Luxembourg" selon la Commission européenne.

Si ses propositions sont approuvées, voici ce qui pourrait bien changer pour vous, fumeurs. L'image d'un poumon nécrosé pourrait faire son apparition sur les paquets de cigarettes et de tabac à rouler. Bruxelles souhaite en effet voir les paquets afficher des avertissements imagés sur les dangers pour la santé sur 75% de leurs surface.

Autre mesure phare : "que les produits du tabac aient l'aspect et le goût du tabac". "Les consommateurs ne doivent pas être abusés (...). Cette proposition veille à ce que les emballages et les arômes ne puissent être utilisés comme arguments de vente", a insisté Tonio Borg. Envolée, donc, la gitane voluptueuse et prohibé, l'arôme mentholé.

Elles "ne vont pas plaire à tout le monde"

Un vaste processus de consultation a précédé la formulation de ces propositions, appelées à renforcer une législation en vigueur dans l'Union européenne depuis 2001 et qui s'en prennent directement aux intérêts de l'industrie. Tonio Borg l'assure, ces propositions "ne vont pas plaire à tout le monde".

De nombreuses mesures sont en effet très contestées. Malgré les pressions, le texte n'a pas été modifié. Evoquons notamment la prohibition des qualificatifs "light" ou "faible teneur de goudron", l'interdiction à la vente les paquets de moins de 20 unités et les cigarettes fines, ou encore la possibilité pour les Etats de faire disparaître les marques et d'adopter un conditionnement neutre, comme en Australie.

Cigarettiers et buralistes français estiment mercredi, que les propositions sont "inefficaces" et qu'elles vont renforcer les circuits de distribution parallèle.

La pipe épargnée

Des avertissements sanitaires pourraient également être imposés pour les produits contenant de la nicotine, comme les cigarettes électroniques.

En revanche, les règles seront moins strictes pour le tabac à pipe, les cigares et cigarillos, exemptés de l'obligation d'apposer des avertissements imagés car "ils ne servent pas en quantité massive de porte d'entrée dans le tabagisme", estime Bruxelles.

Un texte "améliorable"

Propositions faites, les Etats et le Parlement européen les approuveront-ils ? Premiers à réagir, les élus des groupes socialistes et Verts ont salué le texte, jugé "améliorable" par les écologistes. "L'industrie, avec ses moyens considérables, va exercer une énorme pression pour tenter de préserver ses intérêts", a toutefois averti l'ONG Alliance européenne pour la Santé.

La Commission espère une entrée en vigueur en 2015 ou 2016. De quoi laisser un peu de temps aux clopeurs pour arrêter d'en griller.