Loi anti-tabac: les fumeurs de retour dans les bars et restaurants?

Malgré l'interdiction de fumer dans les lieux publics instaurée en 2008, de plus en plus de fumeurs auraient repris leurs droits dans les bars et les restaurants. Un cas particulièrement flagrant à Toulouse.  Enquête.

La loi anti-tabac serait-elle en train de s'envoler en fumée? Depuis quelques mois, la cigarette est de retour dans les bars et restaurants. Une pratique pourtant interdite depuis 2008 et passible de 68 euros d'amende pour les clients et 135 euros pour les gérants.

Mais peu importe, semble-t-il. A Toulouse, où le phénomène est particulièrement développé, selon l'enquête de BFMTV, de nombreux établissements tolèrent la cigarette. Certains professionnels le reconnaissent et le revendiquent même ouvertement. Une dizaine de lieux seraient concernés par cette prise de liberté avec la loi. 

Résoudre les problèmes de voisinage

Dans un bar branché du centre-ville, chaque client sait qu'il peu fumer sur la terrasse, un endroit pourtant couvert et fermé des deux côtés. "Si vraiment il y a des gens qui ont besoin de beaucoup plus d'air qu'ils en ont déjà, on ouvre, ça se passe comme ça ici, détaille pour BFMTV la gérante. A l'intérieur, ça ne fume pas. Les gens qui sont dérangés, ça veut dire que ce sont des non-fumeurs donc ils vont à l'intérieur."

Souvent ces libertés avec l'interdiction de fumer fait le bonheur des clients. Mais aussi sont le fait de plusieurs problèmes. "Dans les petites rues du centre-ville, fumer dehors pose des problèmes avec le voisinage", constate Cédric, le patron de deux bars de nuit à Toulouse, dans La Dépêche du Midi. "Le va-et-vient des fumeurs la nuit engendre des problèmes de bruit au niveau du voisinage", surenchérit Patrice Michelet du syndicat des cafetiers SYNHORCAT.

"Laxismes des pouvoirs publics"

Aux problèmes de voisinage, se pose aussi celui du coût financier des installations aux normes pour accueillir les fumeurs dans un bar ou restaurant. "La plupart d'entre nous ne peuvent pas se le permettre financièrement", poursuit le patron de bar dans le quotidien régional.

Face à ce phénomène, les associations de défenses des non-fumeurs montent au créneau. "Face au laxisme des pouvoirs publics, on a assisté progressivement à une remontée importante des infractions, dénonce Gérard Audureau, le président de l'association Droit des non fumeurs. Les agents chargés du contrôle et de la sanction ont été découragés par les premières mesures prises par la justice."

Face à ces liberté avec la loi, la ministre de la Santé a jugé "regrettable" le manque de contrôle. "Au fond on est en train de jouer, c'est une bombe à retardement le tabac. Le tabac ne tue pas du jour au lendemain, ça prend des années. On vit avec une épée de Damoclès au dessus de la tête en se disant que peut-être elle ne tombera pas", a rappelé Marisol Touraine sur BFMTV et RMC.

J.C. avec Antoine Heulard