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Santé

Lisandro, sauvé d'un anévrisme grâce à une opération chirurgicale réalisée dans le ventre de sa mère

L'anévrisme de Galien est une rare malformation vasculaire cérébrale qui se forme avant la naissance (photo d'illustration)

L'anévrisme de Galien est une rare malformation vasculaire cérébrale qui se forme avant la naissance (photo d'illustration) - Didier PALLAGES

Une équipe médicale de l'hôpital Necker a réalisé une opération in utero pour sauver un enfant à naître d'un anévrisme. Une première mondiale.

Une opération exceptionnelle. Une équipe de médecins de l'hôpital Necker, dans le 15e arrondissement de Paris, a opéré le 8 septembre dernier le petit Lisandro atteint d'un anévrisme de Galien, une rare malformation, alors qu'il se trouvait encore dans le ventre de sa mère, rapporte ce vendredi Le Parisien. Il s'agit d'une première dans le monde.

Ce n'est pas la première fois que des médecins réalisent une intervention in utero, mais jamais une opération n'avait été faite dans le cadre d'un anévrisme de la veine de Galien, une très rare malformation des réseaux sanguins situés dans le cerveau qui touche seulement une dizaine de personnes par an.

Le traitement a sans doute permis de sauver le garçonnet, ce type d'anévrisme entraînant dans la plupart des cas la mort du patient au bout de quelques mois ou années.

"De grosses taches blanches au niveau du cerveau"

Ses parents apprennent la malformation dont souffre leur futur enfant lors de la troisième échographie de contrôle. "À l’écran, on voyait de grosses taches blanches au niveau du cerveau", confie Élodie, qui voit alors son médecin prendre un air soucieux.

Sur le conseil du praticien, le couple se rend à l'hôpital Necker où le foetus se voit diagnostiquer un anévrisme de la veine de Galien. Après plusieurs examens, le diagnostic tombe: le bébé à naître présente 88% de risque de ne pas survivre et dans le cas où il survit, pourrait souffrir d'un lourd handicap.

En raison du faible pronostic vital envisagé pour le foetus, le couple se voit proposer par les médecins de recourir à un avortement thérapeutique. Il peut aussi choisir de mener la grossesse à son terme, sachant que le risque de donner naissance à un enfant non viable est élevé.

Les parents disposent enfin d'une troisième possibilité: une opération in utero. L'intervention est inédite, mais peu importe. Tous deux n'hésitent pas et donnent leur feu vert à l'hôpital Necker.

Une vingtaine de médecins présents pour l'opération

L'intervention est réalisée dès le lendemain alors qu'Élodie est enceinte de 33 semaines.

"On sentait que ce qu’il se passait n’était pas anodin", raconte Marco, le père, présent dans le bloc au moment de cette intervention historique.

De fait, il n'est pas seul puisqu'une vingtaine de médecins et futurs praticiens sont eux aussi sur place pour assister à cet événement.

Réalisée à l'aide d'une simple aiguille, permettant d'éviter toute plaie, l'opération est délicate, mais se déroule parfaitement. Après 45 minutes, l'intervention est terminée.

Un "bébé miracle"

L'accouchement est déclenché cinq semaines plus tard et Élodie donne ainsi naissance le 15 octobre dernier au petit Lisandro, sans complication.

Le nourrisson retrouve malheureusement les blouses blanches peu de temps après, mais trois opérations plus tard, va beaucoup mieux. Âgé aujourd'hui de près de 8 mois, Lisandro est considéré comme "guéri", comme le dit au quotidien l'un des médecins qui l'a opéré, Olivier Naggara.

Pour le couple, c'est un "bébé miracle". "Entre nous, on appelle le médecin le 'docteur aux mains d’or'", sourient-ils.

L'opération a été un tel succès qu'elle a déjà essaimé. Aux États-Unis, une opération du même type s'est déroulée en mars dernier à Boston.

Juliette Desmonceaux