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Santé

Les résultats "alarmants" d'une enquête sur les violences sexuelles de l'enfance

Une personne accompagne un enfant à l'école (Photo d'illustration)

Une personne accompagne un enfant à l'école (Photo d'illustration) - Jean-Sébastien Evrard - AFP

Ce rapport, réalisé par l'association Mémoire traumatique et victimologie, dénonce le manque de prise en charge des violences sexuelles subies par les enfants.

C'est à un sujet délicat que s'attaque l'association Mémoire traumatique et victimologie. Dans un rapport inédit, elle dévoile les lourdes conséquences à l'âge adulte des violences sexuelles subies dans l'enfance, faute de prise en charge appropriée. 

Plus de 1.210 victimes de violences sexuelles âgées aujourd'hui de 15 à 72 ans, dont 95% de femmes, ont accepté de répondre à cette enquête, conduite de mars à septembre, avec le soutien de l'Unicef France, dans le cadre de la campagne "Stop au déni".

L'agresseur, souvent un membre de la famille

En France, une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir subi des violences sexuelles. Les enfants sont les principales victimes: 81% ont subi ces violences avant l'âge de 18 ans, dont 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans.

Dans plus de la moitié des cas, leur agresseur était un membre de la famille. "Mon père m'a violée en moyenne 3 à 4 fois par semaine pendant dix ans", témoigne ainsi une victime. Plus la victime est jeune au moment des faits, plus les conséquences sont lourdes. 42% des personnes interrogées ont déjà tenté de se suicider, parfois plus de dix fois, et 95% reconnaissent un impact des violences sur leur santé mentale et physique.

"Un scandale de santé publique"

L'enquête "Impact des violences sexuelles de l'enfance à l'âge adulte" doit être présentée lundi à Paris lors d'un colloque. "Le coût humain des violences sexuelles, en particulier celles infligées aux mineurs, est alarmant", souligne l'association présidée par le Dr Muriel Salmona. Ce qui ressort de l'enquête, c'est "l'absence de prise en charge adaptée, de protection et de reconnaissance des victimes, surtout les plus vulnérables, alors même que les conséquences sur la santé et la vie affective, familiale et professionnelle apparaissent extrêmement importantes."

Pour elle, "il s'agit d'un véritable scandale de santé publique et d'une atteinte aux droits des victimes". Plus les violences sont assorties de circonstances aggravantes (viol, inceste), moins les victimes ont été protégées par la police, la justice ou leurs proches. Seules 4% des victimes agressées dans l'enfance indiquent avoir été prises en charge par l'Aide sociale. Parmi celles qui ont porté plainte, 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits déclarent "n'avoir jamais été protégées", tout comme 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans.

A. K. avec AFP