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Santé

Les réseaux sociaux célèbrent la minceur extrême, un phénomène dangereux

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Hanches saillantes, côtes apparentes... les réseaux sociaux constituent des plateformes où le culte de la minceur y très présent, sous forme de photos ou de mots-clés. Or, les images du corps valorisant de façon excessive la minceur ou la maigreur contribuent indéniablement au mal-être, en particulier chez les jeunes filles, préviennent des chercheurs.

Les réseaux sociaux peuvent représenter un danger pour les jeunes à plus d'un titre, en raison notamment du cyber-harcèlement et de l'avènement de défis en ligne. Les chercheurs de l'université d'Exeter, en Angleterre, évoquent un risque qui n'est pas nouveau mais dont les conséquences ne sont pas assez prises en compte selon eux: le culte de la minceur.

Les scientifiques notent que les réseaux sociaux continuent de promouvoir des images de femmes squelettiques à travers des selfies d'internautes présentant des os saillants dans une variété de poses. "Le but semble être de se vanter d'un aspect squelettique et d'inciter les autres à atteindre le même aspect émacié", expliquent les chercheurs dans un communiqué.

Dans leur étude, ils évoquent ainsi la présence de nombreux comptes Twitter et Instagram dédiés à la publication de ces images, mais aussi de certaines "plateformes" cachées. Ils craignent de fait que ces médias sociaux aient désormais remplacé les sites internet pro-anorexie (pro-ana) et deviennent un moyen facile d'accès pour encourager les troubles de l'alimentation, comme l'anorexie.

Car en promouvant des types de corps malsains, ces comptes augmentent la pression que peuvent ressentir les jeunes, notamment les adolescentes, pour essayer de devenir extrêmement maigres, tout en contribuant à provoquer chez elles une vision déformée de leur propre corps. Leurs conclusions sont fondées sur une analyse de 730 images de ce type postées sur les réseaux sociaux.

Promouvoir une "image corporelle positive"

Les résultats montrent que 26% d'entre elles présentent des os de hanches saillants, des côtes saillantes (23%), des clavicules (22%) et une colonne vertébrale (6%). En mars 2016, un "défi minceur" sur les réseaux sociaux avait été très médiatisé: le A4 Challenge. Ce dernier consistait à placer une feuille A4 devant son nombril et de se prendre en photo pour prouver que ni la taille, ni les hanches ne dépassaient.

Avant lui, plusieurs autres défis absurdes avaient vu le jour, comme le Thigh gap challenge (montrer un écart entre les cuisses fermées) ou le Belly button challenge (toucher son nombril en passant son bras derrière le dos). "L'anorexie et la perte de poids extrême est un sérieux problème social et médical. Pour lutter contre cette contagion sociale, nous devons être conscients des médias sociaux qui l'encouragent", explique le professeur Catherine Talbot, principal auteur de l'étude.

Celle-ci conclut: "Cela pourrait sérieusement endommager leur santé psychologique et physique. Les adolescents ont besoin d'un enseignement sur l'image corporelle positive dans les écoles et nous devons renforcer la résilience". Les chercheurs appellent donc à une réglementation plus stricte dans ce domaine, même s'ils ont conscience que de nouvelles alternatives pour partager ces photos verront le jour.

En France, la loi de modernisation du système de santé a rendu obligatoire en 2016 la mention "photo retouchée" sur les publicités, lorsqu'une silhouette a été amincie ou épaissie, en partant du constat que l’apparence de mannequins peut contribuer à diffuser des stéréotypes dangereux. "Ces images retouchées peuvent conduire à croire à des réalités qui n’existent pas et les entretiennent dans la spirale de la maigreur extrême", indique le ministère de la Santé.

La loi conditionne également l’exercice de l’activité de mannequin à une évaluation globale de l’état de santé de la personne, notamment au regard de son indice de masse corporelle (IMC). Selon les chiffres du ministère, l'anorexie mentale, soit la privation alimentaire stricte et volontaire, touche 30.000 à 40.000 personnes en France et concerne 0,5% des jeunes filles.

Alexandra Bresson