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Santé

Les plombages au mercure interdits pour les femmes enceintes et les moins de 15 ans

Patiente chez le dentiste. (illustration)

Patiente chez le dentiste. (illustration) - FRED TANNEAU / AFP

Ces amalgames dentaires sont depuis longtemps dénoncés pour leur toxicité. Un règlement européen entré en vigueur le 1er juillet vient mettre fin à leur utilisation pour certaines populations à risque.

C'est une victoire d'étape pour les opposants à l'utilisation du mercure pour des raisons médicales. Depuis des années, ils dénoncent les méfaits du mercure utilisé dans les amalgames, souvent appelés "plombages", contenant ce métal hautement toxique qui peut s'accumuler dans l'organisme. Or depuis ce 1er juillet, un règlement européen adopté le 17 mai 2017 interdit l'utilisation de ce dispositif pour les femmes enceintes ou allaitantes et les mineurs de moins de 15 ans. Sauf "si le praticien de l'art dentaire le juge strictement nécessaire en raison des besoins médicaux spécifiques du patient".

Une prochaine étape consistera à prohiber, à partir de janvier 2019, l'utilisation de mercure en vrac. Il sera remplacé par l'utilisation de capsules pré-dosées. A terme, c'est-à-dire à l'horizon 2030, l'objectif est d'abandonner totalement le mercure. Comment? En formant les étudiants en dentisterie à l'utilisation de nouveaux matériaux et en continuant de rechercher des alternatives.

Le mercure, disponible sous forme liquide à température ambiante est depuis 150 ans mélangé avec une poudre d'alliage métallique composée d'argent, de cuivre, d'étain et de zinc, pour former des amalgames venant combler les cavités laissées après le soin des caries. Sa facilité d'emploi et ses propriétés antibactériennes avaient jusqu'ici la préférence des praticiens, mais sa toxicité, connue depuis des siècles, aboutit à l'application du principe de précaution.

Lien avec la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques?

Des médias tels Bastamag pointent la neurotoxicité des amalgames et un lien supposé avec la maladie d'Alzheimer. Une étude néo-zélandaise menée sur des militaires entre 1977 et 1997, publiée en 2004, établit un "lien entre l'amalgame dentaire et la sclérose en plaques". Mais la conclusion de cette enquête nuance d'importantes réserves le propos, évoquant "un lien limité centre les amalgames et les maladies" et préconise de nouvelles investigations.

De son côté, l'ANSM a en 2014 affirmé sa volonté de "voir diminuer de façon importante l'utilisation des amalgames à base de mercure dans le cadre du traitement de la carie dentaire". Pour autant, en 2016, elle précisait qu'"à ce jour, aucune étude scientifique rigoureuse n’a pu mettre en évidence d’effets néfastes des obturations par amalgame sur l’état de santé général des patients. Seules quelques réactions locales et réversibles d’intolérance à l’amalgame ont pu être signalées (...)." C'est le principe de précaution qui donc prévaut.

De fait, la toxicité du mercure est avérée, du point de vue environnemental notamment. Une autre raison conduira cependant à la raréfaction des amalgames contenant du mercure: pour des raisons esthétiques, beaucoup de patients préfèrent l'utilisation des prothèses en céramique.

David Namias