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Santé

Les ouvriers intérimaires plus exposés que les autres aux risques physiques

Un ouvrier du Nord-Ouest de la France, en juin 2017. (Photo d'illustration)

Un ouvrier du Nord-Ouest de la France, en juin 2017. (Photo d'illustration) - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Les ouvriers intérimaires sont plus exposés aux charges lourdes, au bruit et au travail répétitif, révèle une nouvelle étude de la Dares ce mardi.

Les ouvriers intérimaires sont "très fortement exposés à des contraintes physiques" dans leur travail, et en particulier sujets à la manipulation de charges lourdes, au bruit et au travail répétitif, selon une étude du service des statistiques du ministère du Travail (Dares) publiée ce mardi.

Cela s'explique principalement par la "structure de l'emploi" des intérimaires qui sont "en majorité des ouvriers des secteurs de l'industrie et du bâtiment", a expliqué en conférence de presse mardi l'auteur de l'étude, Thomas Coutrot, également chef du département des conditions de travail et de santé à la Dares.

22% déplacent manuellement des charges

Les ouvriers intérimaires, qui représentent 70% des 400.000 travailleurs intérimaires en France selon la Dares, sont 22% à déplacer manuellement des charges plus de 20 heures par semaine contre 12% chez l'ensemble des ouvriers. De même, ils sont 20% à subir un bruit d'au moins 85 décibels contre 15% pour l'ensemble.

Ces écarts, selon l'étude, ne s'expliquent pas "par leur statut d'intérimaire" mais "par les métiers qu'ils exercent", notamment "dans la construction et la logistique", des secteurs recourant beaucoup à l'intérim.

Thomas Coutrot souligne par ailleurs que les ouvriers intérimaires sont 29% à endurer un "travail répétitif" plus de 10 heures par semaine contre 21% chez l'ensemble des ouvriers, des différences statistiques qualifiées de "significatives".

Moins exposés aux agents cancérogènes

Ils semblent en revanche moins exposés aux agents cancérogènes: ils étaient 19% à être exposés à au moins un produit chimique cancérogènes contre 25% des ouvriers.

Si cet écart s'explique en partie par l'interdiction de l'exposition des travailleurs intérimaires à certains agents chimiques dangereux, la Dares estime qu'il peut également être la conséquence d'une "sous-évaluation" de l'exposition des travailleurs intérimaires "par les médecins enquêteurs".

Elle observe que les intérimaires restent "souvent peu de temps sur leur poste de travail", ce qui "rend plus difficile une connaissance approfondie de leur situation concrète par les médecins".

D'autant que les intérimaires eux-mêmes "s'estiment moins exposés au risque chimique que les autres", souligne Thomas Coutrot qui pointe "peut-être un effet de la méconnaissance" de leur situation.

L'étude, diffusée mardi, s'appuie sur l'enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (Sumer) de 2010 qui comporte un échantillon de 715 ouvriers intérimaires sur les 47.983 salariés ayant répondu à l'enquête.

Jeanne Bulant avec AFP