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Santé

Les jeunes accros aux antidépresseurs

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La France est l’un des principaux consommateurs d’antidépresseurs du monde, et les jeunes ne sont pas épargnés. A 17 ans, 15% des jeunes ont déjà pris des tranquillisants. « Je me sens plus rassurée », raconte Gihane, 15 ans.

Le chiffre est énorme, effrayant, même. En moyenne, les Français avalent 200 millions de boîtes de psychotropes par an et environ 20% de la population française, en majorité des femmes, en consomment plus ou moins régulièrement. C'est deux à quatre fois plus que la moyenne européenne : avec les Norvégiens et les Portugais, les Français sont les plus gros consommateurs au monde de tranquillisants, antidépresseurs et somnifères.
D'après Guy Hugnet, auteur de Psychotropes, l'enquête : la face cachée, les médicaments psychotropes sont sur-prescrits par des médecins mal formés aux maladies mentales. Et leurs effets peuvent être dévastateurs: troubles du sommeil et risque de suicide en début de traitement pour les antidépresseurs, accoutumance pour les somnifères. Le phénomène touche aussi les moins de 25 ans.

« Je suis plus rassurée »

A 17 ans, 15% des jeunes ont déjà pris des tranquillisants, 10% des somnifères, et 6% des antidépresseurs. Et cette consommation est en hausse ces dernières années pour les antidépresseurs. « Je pense que sans ça je serais tout le temps en train de bouger, de me poser des questions, là je me sens plus sûre de moi, je suis plus rassurée », explique Gihane, 15 ans, qui prend des tranquillisants contre la suractivité depuis 3 ans.

« Soulager de manière éphémère »

Maurice Corcos, chef de service psychiatrie de l'adolescence à l'institut Monsouris à Paris, juge le recours aux médicaments psychotropes beaucoup trop systématique. « On demande aux médicaments de soulager chimiquement une douleur, une angoisse de manière éphémère, alors que si cette douleur n’est pas pensée, elle va s’auto-engendrer, obliger le sujet à prendre d’autres médicaments, voire d’autres drogues, pour apaiser cette tension ». 9 fois sur 10, ce sont les généralistes qui prescrivent les psychotropes. Ils sont les praticiens les moins formés aux maladies psychologiques.

M. Chaillot avec Claire Andrieux