BFMTV
Santé

Les anti-inflammatoires peuvent inhiber la croissance musculaire

-

- - iStock - clubfoto

Des chercheurs suédois mettent en garde contre l'utilisation à long terme de médicaments anti-inflammatoires car ces derniers peuvent entraver la croissance musculaire chez les personnes, sportives ou non, qui pratiquent une activité physique avec du renforcement.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont des médicaments qui permettent de réduire ou de supprimer les symptômes liés à un phénomène inflammatoire. Si certains sont disponibles sans ordonnance, à l'instar de l'ibuprofène et de l'aspirine, ils ne sont cependant pas sans risque et peuvent avoir des effets secondaires s'ils sont utilisés sur le long terme, comme l'indiquent des chercheurs du Karolinska Institutet.

Leur étude affirme que ces médicaments, parmi les plus consommés dans le monde, peuvent entraver le développement de la masse musculaire et ne sont donc pas sans effets sur les capacités sportives. Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont réparti des hommes et femmes âgés de 18 à 35 ans dans deux groupes, dont le premier avec une dose relativement élevée d'AINS (1 200 mg d'ibuprofène).

A l'inverse, ceux du deuxième groupe devaient prendre une dose relativement faible (75 mg) d'acide acétylsalicylique (aspirine) tous les jours pendant huit semaines. Au cours de la même période, les participants ont également pratiqué des exercices de musculation supervisés pour les muscles de la cuisse deux à trois fois par semaine. Les chercheurs ont ensuite mesuré certaines variables, telles que la croissance musculaire, la force musculaire et les marqueurs anti-inflammatoires dans les muscles.

Ne pas combiner sport et anti-inflammatoires

Ils ont constaté qu'après huit semaines, l'augmentation du volume musculaire, mesurée par IRM était deux fois plus importante dans le groupe à faible dose d'aspirine que dans le groupe à forte dose d'ibuprofène. "Les résultats sont extrêmement intéressants car l'utilisation d'anti-inflammatoires est globalement répandue, notamment chez les athlètes d'élite et les individus à activité récréative.", explique le chercheur principal de l'étude Tommy Lundberg.

Ce dernier ajoute: "Nous avons choisi de regarder les effets de l'ibuprofène car c'est l'anti-inflammatoire le plus étudié sur le marché, mais nous croyons que les doses élevées de tous les types d'anti-inflammatoires ont des effets similaires." Les résultats montrent également que la force musculaire des participants du premier groupe a aussi été altérée par ces doses élevées d'anti-inflammatoires.

"Nos résultats suggèrent que les jeunes qui font de la musculation pour augmenter leur masse musculaire devraient éviter de fortes doses régulières de médicaments anti-inflammatoires.", concluent les chercheurs. Ils précisent néanmoins que leur étude contredit en partie celles réalisées sur les populations plus âgées ayant indiqué que les AINS peuvent limiter la perte de masse musculaire liée à l'âge.

La grossesse, l'une des principales contre-indications

Mais cette différence s'expliquerait par le fait que le mécanisme de régulation de la masse musculaire diffère entre ces deux tranches d'âge. En janvier dernier, l'ANSM* a tenu à rappeler que cette famille de médicaments ne doit jamais être utilisée à partir du 6ème mois de grossesse. Le risque étant des effets indésirables graves sur le fœtus comme une insuffisance cardiaque et une insuffisance rénale.

"Ces effets peuvent entraîner le décès du bébé avant ou après la naissance.", fait-elle savoir. "Toute prise, même unique (une gélule, une application de crème...) peut mettre en danger la santé de votre enfant à naître." Jusqu’au 5ème mois de grossesse, l'agence recommande de demander conseil à un professionnel de santé. Lorsque ces médicaments sont indispensables, ils doivent être utilisés à la dose efficace la plus faible et pendant la durée la plus courte.

*Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé

Alexandra Bresson