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Le Truvada, un anti-Sida très prometteur

Boîtes de Truvada.

Boîtes de Truvada. - Justin Sullivan - Getty Images North America - AFP

Pris avant et après un rapport, le cocktail d'antirétroviraux Truvada diminue le risque d'infection par le VIH de 86%, selon les résultats d'un essai clinique français. Une avancée médicale importante, mais la prudence reste de mise, prévient le professeur Jean-Michel Molina, de l'hôpital Saint-Louis.

Des résultats porteurs d'espoirs dans la lutte contre le sida. Le Truvada, un cocktail d'antirétroviraux pris avant et après des rapports sexuels non protégés, a permis de réduire de 86% le risque d'infection par le virus du sida chez des hommes homosexuels, selon un essai clinique français présenté mardi lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), à Seattle.

Il s'agit de la première étude à montrer que la prise de ces antirétroviraux (une combinaison de ténofovir et d'emtricitabine), au moment de relations sexuelles risquées parmi la population homosexuelle, peut offrir une protection élevée, ont souligné les chercheurs de l'Agence nationale française de recherche sur le sida (ANRS) qui ont mené cet essai baptisé ANRS Ipergay.

D'autres essais cliniques concordants

Une autre étude de chercheurs britanniques (Proud) menée sur plus de 500 gays, présentée aussi mardi à la CROI, a montré une réduction également de 86% du risque d'infection chez ceux ayant pris du Truvada tous les jours. Un troisième essai clinique également dévoilé à la CROI fait état d'une diminution de 96% du risque d'être infecté par le VIH chez des couples séro-discordants (un membre du couple seulement est atteint du VIH).

L'essai ANRS Ipergay a été mené auprès de 414 homosexuels âgés de 35 ans en moyenne en France et au Canada, dont la moitié ont pris un placebo et l'autre du Truvada au moment des rapports sexuels, deux comprimés 24 heures avant et deux de 24 à 48 heures après. Environ 70% des participants n'utilisaient pas de préservatif, a précisé le professeur Jean-Michel Molina, de l'Hôpital Saint-Louis à Paris qui a coordonné l'essai clinique. Les participants, tous d'un niveau d'étude supérieur, avaient en moyenne dix rapports par mois avec plusieurs partenaires.

"Un niveau de protection élevé mais pas absolu"

Après un suivi de près de 13 mois, 16 des participants ont été infectés par le VIH, 14 dans le groupe du placebo et deux dans celui qui a pris le Truvada, soit une réduction de 86% du risque d'infection. En outre, les deux participants infectés parmi ceux qui prenaient du Truvada avaient cessé de prendre ce médicament plusieurs semaines avant l'apparition de l'infection.

L'essai a été mené au sein d'une population qui est la plus touchée par le VIH, en France comme dans la plupart des pays développés. Le nombre de nouveaux cas de VIH est d'environ 6.400 par an en France, dont 43% concernent les hommes homosexuels, a précisé Bruno Spire, président de l'association AIDES et un des chercheurs ayant participé à l'essai Ipergay qui se poursuit jusqu'en mars 2016.

Le Truvada offre "un niveau de protection élevé mais qui n’est pas absolu", a réagi sur BFMTV le professeur Molina, évoquant une "stratégie de réduction de risque", mais pas d’éradication du risque. Et de rappeler la nécessité de continuer à utiliser le préservatif, qui reste pour l'heure la meilleure prévention contre les maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH. Il y a en France "environ 150.000 personnes touchées par le virus HIV. Et 6.000 nouvelles contaminations chaque année. Ce qui montre bien qu’il faut faire plus en matière de prévention", insiste-t-il.

V.R. avec AFP