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"Le sujet sur la place publique": après l'affaire Palmade, la prise de conscience des risques liés à la cocaïne?

Un douanier présentant un sachet de cocaïne à Cayenne (Guyane) en octobre 2022 (Photo d'illustration).

Un douanier présentant un sachet de cocaïne à Cayenne (Guyane) en octobre 2022 (Photo d'illustration). - JODY AMIET / AFP

La consommation de cocaïne s'est banalisée en France ces dernières années et touche tous les milieux. Cette drogue reste une substance fortement addictive qui peut entraîner des risques graves pour le consommateur mais aussi les personnes autour de lui.

Après l'accident tragique entrainé par le comédien Pierre Palmade vendredi dernier, "j'espère qu'on va s'élever pour essayer d'avancer sur beaucoup de points", notamment "la problématique des addictions", déclare sur BFMTV William Lowenstein, psychiatre, addictologue et président de SOS Addictions.

Les questions de la consommation de drogues sont en effet au coeur de l'actualité depuis l'accident de voiture provoqué par l'humoriste vendredi, testé positif à la cocaïne. Trois personnes ont été gravement blessées dans le choc, deux sont toujours en réanimation dont un petit garçon de six ans qui a été "défiguré".

"Le fait que ce drame touche aujourd'hui une personne célèbre peut amener le sujet sur la place publique, faire prendre conscience aux usagers les risques qu'ils encourent" pour eux et pour les autres, explique à BFMTV.com Jean-Michel Delile, psychiatre et président de la Fédération Addiction.

De la cocaïne "même dans les petites villes"

Ce drame rappelle la banalisation de la consommation de la cocaïne ces dernières années en France. Cette drogue était auparavant, dans les esprits, réservée au monde du show-business, mais "cela fait plusieurs années que cela déborde largement du milieu de la jet-set", explique Jean-Michel Delile.

"Jusqu'à il y a relativement peu de temps, il n'y avait de plans de cocaïne que dans les grandes villes", mais aujourd'hui "on en trouve dans les villes moyennes, même dans les petites villes" et dans tous les milieux abonde sur notre antenne Bertrand Lebeau Leibovici, médecin addictologue, vice-président de SOS Addiction.

"Depuis quelques années, on assiste en France à une forte augmentation de la consommation de cocaïne", écrit également la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

L'incidence de la drogue s'observe ainsi dans les accidents routiers, "c'est un phénomène malheureusement banal", lance Romy Collard-Lafond, avocate des victimes de la route, sur BFMTV.

Elle s'insurge au passage du fait qu'il faille "qu'une célébrité soit à l'origine d'un accident dramatique pour qu'on soit révolté, indigné du carnage que la drogue est susceptible de faire au volant." Il faudrait "qu'enfin les pouvoirs publics s'emparent de cette réalité, parce que la drogue au volant c'est un fléau, tout comme l'alcool au volant en est un".

"La prévention, la réduction des risques"

Si des hashtags #PréventionCocaïne ont pu être lancés sur les réseaux sociaux par les autorités, il n'existe en effet pas de campagnes d'ampleur pour alerter sur les dangers de cette drogue. "Il y a toujours eu en France une réticence à lancer des campagnes pour quelque chose qui est interdit", explique Jean-Michel Delile.

Mais il faut "profiter de cette affaire, qui est vraiment une affaire horrible" pour donner "à la médecine des addictions les moyens de se développer", lance Bertrand Lebeau Leibovici, "c'est-à-dire la prévention, la réduction des risques".

Pour rappel, la consommation de cocaïne peut entraîner des risques cardiovasculaires importants mais aussi des troubles cognitifs. Jean-Michel Delile évoque aussi les complications psychiques "comme les crises de paranoïa ou les grosses crises d'angoisse" qui s'observent chez les consommateurs réguliers.

La cocaïne peut aussi entraîner des comportements à risque, car elle accroît la confiance en lui du consommateur. S'il prend la voiture, il peut par exemple aller beaucoup plus vite qu'habituellement, ou avoir des comportements agressifs dangereux.

"Des drames humains qu'il nous faut éviter par tous les moyens"

La cocaïne est "puissamment addictive", rappelle Jean-Michel Delile, et il faut demander de l'aide auprès d'associations et de professionnels de l'addiction en cas de dépendance. Le psychiatre souligne que pour sortir de l'addiction il est important de comprendre pourquoi la personne est devenue accro, au risque sinon qu'elle retombe dans la dépendance.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a estimé mardi qu'il n'y avait pas de tolérance "sociale" ou "politique" pour des drogues comme la cocaïne. "La drogue, la cocaïne, les opiacés, sont des drogues extrêmement dangereuses avec un pouvoir addictif extrêmement puissant et qui conduisent à des drames humains qu'il nous faut éviter par tous les moyens". Il a également réitéré l'objectif de multiplier par deux les contrôles de conduite sous emprise de drogues.

"Ce sont des objectifs qui ne datent pas d'hier. On augmente le nombre de contrôles, car près d'un mort sur cinq lié à un accident de la route est en lien avec la prise de stupéfiants. C'est 700 morts par an, deux par jour", a-t-il déploré. 
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV