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Santé

Le "selfitis", quand l'obsession du selfie devient une maladie

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La prise incessante de selfies avec les téléphones semble être une réelle maladie mentale, selon une nouvelle étude. Ses auteurs utilisent un terme pour qualifier ce phénomène: le "selfitis". Il existe même un moyen simple de le diagnostiquer.

Le selfie est devenu une pratique courante voire omniprésente sur les réseaux sociaux. Déjà accusé de favoriser des accidents parfois mortels, il peut devenir une véritable addiction, autrement dit une maladie mentale, selon une étude. Ses auteurs, membres de l'Université de Nottingham Trent et de la Thiagarajar School of Management, utilisent même un terme pour désigner cette manie obsessionnelle de toujours vouloir se prendre en photo: le selfite, ou selfitis.

Les chercheurs avaient commencé à enquêter sur ce phénomène après un canular paru dans les médias en 2014, affirmant que la pratique du selfie avait été classée comme un véritable trouble mental par l'American psychiatric association. Leur étude confirme maintenant l'existence de ce symptôme avéré de trouble mental, développant une "échelle de comportement du selfite" qui peut être utilisée pour évaluer sa gravité. Cette méthode a été mise au point à partir de groupes de discussion avec 200 participants et a été testée auprès de 400 participants.

Toutes ces personnes vivent en Inde, le pays qui compte le plus grand nombre d'utilisateurs de Facebook et le plus grand nombre de morts à la suite d'un selfie pris dans des endroits dangereux (76 morts sur 127 au niveau mondial). Les résultats, publiés dans l'International Journal of Mental Health and Addiction, ont confirmé qu'il existait trois niveaux d'addiction. Le premier niveau, appelé "borderline", concerne les personnes qui se prennent en photo au moins trois fois par jour, mais qui ne les publient pas sur les médias sociaux.

Pour augmenter sa confiance ou attirer l'attention

Le deuxième niveau, "aigu", s'applique aux personnes qui se prennent en photo au moins trois fois par jour et qui les postent toutes sur les réseaux sociaux. Enfin le niveau le plus sévère, "chronique", définit une envie incontrôlable de se prendre en photo 24 heures sur 24 et de les afficher sur les réseaux sociaux plus de six fois par jour. Pour définir quelles personnes entrent dans chaque catégorie, les participants à l'étude ont été invités à noter de 1 à 5 les affirmations mentionnées par l'échelle de comportement.

Il est par exemple mentionné que "partager mes selfies crée une saine compétition avec mes amis et collègues" ou que "je gagne énormément d'attention en partageant mes selfies sur les médias sociaux". Parmi les 20 énoncés proposés figurent aussi: "quand je ne prends pas de selfies, je me sens détaché de mon groupe", "prendre des selfies modifie instantanément mon humeur" et "je prends des selfies comme trophées pour de futurs souvenirs."

En fonction des réponses des participants, les chercheurs ont pu identifier les six principaux facteurs à l'origine de cette addiction: augmenter la confiance en soi, attirer l'attention, améliorer son humeur, se créer des souvenirs, augmenter sa conformité avec le groupe social et être socialement compétitif. Les chercheurs indiquent que plus ces facteurs sont prévalents, plus le niveau de "selfitis" est élevé.

"Généralement, ceux qui présentent cette maladie souffrent d'un manque de confiance en eux, cherchent à s'intégrer et peuvent présenter des symptômes similaires à d'autres comportements potentiellement addictifs", explique le docteur Janarthanan Balakrishnan. Maintenant que l'existence de la maladie semble avoir été confirmée, les chercheurs espèrent que d'autres études seront menées pour mieux comprendre pourquoi certaines personnes développent ce comportement obsessionnel, et ce qui peut être fait pour les aider.

Alexandra Bresson