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Le "repas gastronomique français" bientôt sacré à l'Unesco ?

La France vise la semaine prochaine l'entrée de son "repas gastronomique" au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco, qui serait aux yeux de Paris une manière de sanctuariser une habitude sociale menacée. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

La France vise la semaine prochaine l'entrée de son "repas gastronomique" au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco, qui serait aux yeux de Paris une manière de sanctuariser une habitude sociale menacée. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard - -

PARIS (Reuters) - La France vise la semaine prochaine l'entrée de son "repas gastronomique" au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco, qui...

PARIS (Reuters) - La France vise la semaine prochaine l'entrée de son "repas gastronomique" au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco, qui serait aux yeux de Paris une manière de sanctuariser une habitude sociale menacée.

La décision sera prise la semaine prochaine au Kenya lors d'une réunion d'un comité intergouvernemental de l'organisation internationale dédiée à l'éducation, la science et la culture.

Quarante-six autres propositions seront examinées pour figurer sur la liste du patrimoine immatériel. La France souhaite également y inscrire le compagnonnage (méthode ancestrale de transmission des savoirs artisanaux) et la dentelle au point d'Alençon.

Sont aussi en lice le tapis azerbaïdjanais, l'opéra de Pékin, des fêtes du feu et du pain en Belgique, le flamenco espagnol, la danse des ciseaux du Pérou, des chants polyphoniques lituaniens et la lutte à l'huile turque.

La candidature française pour la gastronomie, annoncée en 2008 par Nicolas Sarkozy et formalisée en janvier dernier, a suscité le scepticisme, voire l'ironie.

L'opposition y a vu un clin d'oeil du pouvoir au monde agricole, frappé par une lourde chute de revenus et dont le vote s'est éloigné de la majorité aux récentes élections.

Un coup de pouce avant la présidentielle aux restaurateurs, un lobby jugé puissant et déjà bénéficiaire de la baisse de la TVA de 19,6% à 5,5% en 2009, est aussi soupçonné.

Le gouvernement se défend de vouloir flatter des corporations et soutient qu'il demande le classement et la protection non d'une cuisine ou de techniques particulières, mais d'une habitude sociale.

LE "BIEN MANGER"

"Le repas gastronomique des Français est une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes (naissances, mariages, anniversaires, succès, retrouvailles)", lit-on dans le dossier français déposé à l'Unesco.

"C'est une pratique sociale qui s'attache à une représentation commune du bien manger plutôt qu'à des mets particuliers", ajoute-t- il.

La France souligne que cette pratique a un sens et des rituels bien précis, de la recherche de bons produits à l'esthétisme de la table et aux conversations.

Paris voit même cette habitude comme une ouverture "à la connaissance de l'autre, au dialogue interculturel, à l'amitié entre les peuples".

Si l'Unesco accepte d'inscrire le repas français dans la liste du patrimoine immatériel, ce serait la première fois qu'une pratique tournant autour de l'alimentation et de la cuisine y figurerait.

L'Unesco devra également trancher la semaine prochaine sur une demande du Mexique concernant la cuisine traditionnelle de ce pays et une sur "l'art du pain d'épices en Croatie du Nord".

Lancée par une convention signée en 2003 et ratifiée à ce jour par 132 Etats, la liste du patrimoine immatériel compte déjà 166 éléments issus de 77 pays.

Il s'agit de sauvegarder des traditions et expressions orales, arts du spectacle, pratiques sociales, rituels et événements festifs, avec l'idée qu'ils peuvent être mis en péril par la mondialisation et la standardisation des cultures qu'elle provoque.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse