BFMTV
Santé

Le message d'un père contre un virus mal connu des futurs parents: le CMV

Le CMV peut s'avérer très dangereux pour les enfants à naître. (illustration)

Le CMV peut s'avérer très dangereux pour les enfants à naître. (illustration) - Philippe Huguen - AFP

Après le coup de gueule d'un papa qui a perdu son bébé, atteint du CMV, il y a cinq ans, des dizaines de milliers de personnes ont partagé son message. BFMTV.com fait le point sur ce virus mal connu du grand public.

"Si ça pouvait permettre ne serait-ce qu'à quelques personnes de découvrir le CMV et de s'en préserver, ce serait déjà pas mal...", espérait mardi Yann Champion. Deux jours plus tard, près de 140.000 internautes ont partagé son message de détresse.

"Il y a 5 ans, jour pour jour, Aubin, mon fils, mourait dans mes bras", commence le texte posté sur Facebook.

"Pourquoi mon bébé est-il mort?", s'interroge ce jeune homme dont le but est de diffuser aussi largement que possible un message simple: #STOPCMV. En ce mois de sensibilisation au cytomégalovirus - son nom complet - il regrette que sa compagne et lui n'aient "jamais entendu parler" du CMV, et précise que "les échographies n'avaient rien montré".

"Il s’agit de l’infection foetale congénitale (transmis de la mère à l’enfant à naître) la plus fréquente dans les pays développés: 1 enfant sur 750 naît avec des séquelles du CMV (ou en développe dans son enfance)", précise l'association dédiée Chanter Marcher Vivre.

Sa présidente, Anne-Hélène Labissy, a accouché d'une petite Hermance il y a dix ans. Atteinte du virus, elle souffre aujourd'hui de pluri-handicaps, ne marche pas et ne parle pas. "A l'époque, personne ne m'en avait parlé. Je suis tombée sur de la documentation, j'ai demandé à mon gynécologue de faire le test pour voir si je l'avais déjà eu. Il a refusé", regrette-t-elle auprès de BFMTV.com. 

Surdité, cécité, paralysie cérébrale, handicap mental ou physique, voire décès. Les conséquences de cette infection peuvent être dramatiques. Le fils de Yann Champion avait contracté le CMV pendant la grossesse et il est mort à l'âge de cinq semaines.

Des lésions très graves pour le foetus

Ce virus est notamment fréquent chez les enfants placés en crèche, environ la moitié de la population l'aurait déjà contracté et serait immunisée. Transmis par les fluides (larmes, urine, salive, mucus...), ses symptômes sont proches de ceux d'un rhume. Si une femme enceinte le contracte, par exemple par l'intermédiaire de ses propres enfants, elle peut le transmettre au bébé qu'elle porte. Or une infection au CMV peut provoquer des lésions très graves sur le foetus.

"Quand une femme entre en contact avec le virus, on estime qu'elle a un peu moins d'1% des chances d'être infectée. Si elle le contracte, il y a autour de 40% de chances de le transmettre au foetus", relativise Capucine Valentin, sage-femme, interrogée par BFMTV.com. 

"Le métier à risque, c'est mère de famille", confirme le Dr Philippe Barjot. Ce gynécologue, qui a co-fondé un groupe de recherche sur le CMV, estime que "depuis deux ou trois ans, on propose à nouveau de repérer les femmes à risque. Auparavant, on considérait qu'à partir du moment où on n'avait pas de traitement homologué, il était inutile d'affoler la population", explique-t-il à BFMTV.com.

"Une fois que le foetus a contracté le virus, on peut parfois voir des signes à l'échographie, et faire un pronostic des symptômes en avance", poursuit Capucine Valentin. En fonction de la gravité, les parents peuvent ensuite dans certains cas recourir à une interruption de grossesse.

Des conseils de prévention simples

Il n'existe toujours pas de traitement validé sans effets secondaires, mais les mesures pour se protéger du virus sont simples: se laver les mains après avoir manipulé de jeunes enfants, ne pas partager leur nourriture, ou finir leur verre, ne pas les embrasser sur la bouche, utiliser du linge de maison différent, etc. Selon le Dr Barjot, en réalisant des tests de dépistage par prise de sang et en expliquant les règles de bonne conduite aux mamans non-immunisées, il est possible de "diviser par 5 à 10" les risques d'infection.

"Dire à une maman de ne pas sécher les larmes de son enfant c'est difficile. C'est un message que les futures mamans entendent facilement, mais c'est culpabilisant. A nous de ne pas susciter de craintes excessives et de faire en sorte qu'elles ne se focalisent pas sur les cas les plus rares", explique Capucine Valentin.

En Belgique, le CMV est dépisté automatiquement chez les femmes enceintes, comme la toxoplasmose. 

Aurélie Delmas