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Le manque de sommeil paradoxal peut entraîner un risque accru de démence

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Des chercheurs américains ont établi un lien entre un sommeil paradoxal de mauvaise qualité et un risque accru de démence, dont la maladie d'Alzheimer. Deux facteurs ont été identifiés: prendre plus de temps que la moyenne pour entrer dans cette phase de sommeil et lorsque celle-ci est écourtée.

Une nuit comprend plusieurs cycles de sommeil, et chaque cycle est composé de phases lentes et paradoxales. La phase de sommeil paradoxale est une période durant laquelle le cerveau est aussi actif que pendant la journée: les personnes endormies rêvent et on observe chez elles des mouvements oculaires rapides (MOR ou REM Sleep). Des chercheurs de la Boston University School of Medicine ont établi un lien entre cette phase de sommeil et le risque de démence.

Leur étude explique en effet que les personnes qui prennent plus de temps pour entrer dans cette phase et qui en sortent plus rapidement que les autres seraient en effet plus susceptibles de présenter un risque. La première phase de sommeil paradoxal se produit environ une heure à une heure et demie après l'endormissement puis se reproduit plusieurs fois tout au long de la nuit.

"Il est fréquent que les personnes atteintes de démence subissent des troubles du sommeil. Mais il est difficile de savoir si une perturbation du sommeil se produit en raison de la démence ou si un sommeil perturbé est associé au risque de démence dans le futur.", expliquent les chercheurs dans la revue "American Academy of Neurology". Pour en venir à cette conclusion, ils ont étudié les données de 321 personnes de plus de 60 ans qui ont participé à une étude sur le sommeil pendant douze ans.

Après la période de suivi, 32 personnes ont été diagnostiquées avec une forme de démence dont 24 avec une maladie d'Alzheimer, maladie neuro-dégénérative qui appartient au groupe des maladies appelées "démences". Les chercheurs ont constaté que chaque pourcentage de réduction de sommeil paradoxal était associé à une augmentation de 9% du risque de démence, qui correspond à un trouble de la mémoire et des fonctions cognitives.

Un lien seulement avec cette phase de sommeil

"Le trouble, pour être considéré comme une démence, doit durer depuis au moins six mois et être suffisamment important pour retentir sur la vie quotidienne", explique l'Assurance maladie. En ce qui concerne plus précisément la maladie d'Alzheimer, les chercheurs ont constaté que chaque pourcentage de réduction du sommeil paradoxal était associé à une augmentation de 8% du risque de démence.

Par ailleurs, les personnes qui ont développé une démence ont passé en moyenne 17% de leur temps de leur sommeil en phase de sommeil paradoxal, contre 20% pour ceux qui n'ont pas développé de démence. "Nous voulions découvrir quelles étapes du sommeil peuvent être liées à la démence et alors que nous n'avons pas trouvé de lien avec le sommeil profond, nous avons fait un rapprochement avec le sommeil paradoxal.", indique le Pr Matthew P. Pase, premier auteur de l'étude.

Les résultats étaient semblables même après que les chercheurs prennent en compte des facteurs susceptibles d'affecter le risque de démence ou la qualité du sommeil, comme des maladies cardiaques, la dépression et l'utilisation de médicaments. "Nos résultats indiquent que le sommeil paradoxal peut être un signe prédictif de la démence. La prochaine étape consistera à déterminer pourquoi un sommeil paradoxal inférieur à la moyenne prédit un risque plus grand.", ajoute le Pr Pase.

Celui-ci conclut: "en clarifiant le rôle du sommeil dans l'apparition de la démence, l'espoir est d'identifier des moyens d'intervention afin qu'elle puisse être retardée ou même empêchée." Plus tôt dans l'année, la même équipe de chercheurs a constaté que les personnes qui dormaient constamment plus de neuf heures par nuit avaient le double du risque de développer une démence en 10 ans par rapport aux participants qui dormaient pendant neuf heures ou moins.

Alexandra Bresson