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Le docteur Bonnemaison menacé de radiation par l'Ordre national

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PARIS (Reuters) - L'Ordre national des médecins a décidé d'engager des poursuites disciplinaires contre le docteur de Bayonne Nicolas Bonnemaison,...

PARIS (Reuters) - L'Ordre national des médecins a décidé d'engager des poursuites disciplinaires contre le docteur de Bayonne Nicolas Bonnemaison, accusé d'avoir provoqué la mort de sept patientes présentées comme étant agonisantes.

L'Ordre, instance régulatrice de la profession, va ainsi à l'encontre de la décision de son conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, qui ne demande pas de sanctions.

L'Ordre national estime que la loi a été violée. "Ce médecin a déclaré publiquement avoir agi seul et hors de toute collégialité et avoir délibérément et volontairement procédé à l'injection de produits létaux, afin de mettre fin aux jours de plusieurs personnes âgées", dit-il dans un communiqué.

"Par ailleurs, les conditions d'accompagnement des personnes en fin de vie et de leur entourage n'ont pas été mises en oeuvre", ajoute-t-il. Il estime donc que la loi dite "Leonetti" autorisant l'euthanasie "passive" a été violée.

Nicolas Bonnemaison, 50 ans, a été mis en examen le mois dernier pour "empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables" et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Le parquet a fait appel pour demander son placement en détention et la cour d'appel de Pau doit statuer mardi prochain.

Pour les poursuites disciplinaires, susceptibles d'aboutir à une radiation, l'Ordre national annonce qu'il demandera une délocalisation du dossier ailleurs qu'en Aquitaine.

Cette affaire divise la communauté médicale et relance en France le débat sur l'euthanasie. Le médecin de Bayonne est soutenu par les personnels de son hôpital, qui ont organisé un rassemblement en sa faveur.

La loi permet en France l'euthanasie dite "passive", l'arrêt des traitements pour les personnes agonisantes et l'administration de médicaments anti-douleur même à des doses susceptibles d'être mortelles.

Est interdite en revanche l'euthanasie dite "active", la pratique admise par le docteur Bonnemaison, qui a consisté à provoquer directement la mort par une injection.

Lors d'un procès relatif à une affaire similaire en 2007 en Dordogne, de nombreux témoins éminents du monde médical avaient déclaré que cette pratique était courante dans les hôpitaux, des recettes de "cocktails lytiques" de médicaments - des mélanges provoquant la mort - étant connues dans cet univers.

Ce procès avait été précédé par un appel public de 2.134 soignants demandant une réforme légalisant l'aide à mourir active. Ils soulignaient qu'en France, fait plutôt spécifique en Europe, 75% des décès surviennent à l'hôpital.

Thierry Lévêque, édité par Gilles Trequesser