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Le diabète peut se développer sans signes avant-coureurs pendant des années

Alain Ducardonnet explique les dangers du diabète.

Alain Ducardonnet explique les dangers du diabète. - BFMTV

Le diabète est souvent référencé comme une "épidémie silencieuse". Le problème est qu'il peut se développer sans manifestations extérieures pendant des années.

De plus en plus de personnes réussissent à vivre avec le diabète. Mais cela ne doit pas faire oublier que cette maladie cause plus de 1,5 million de décès par an dans le monde, souvent par manque de diagnostic et d'accès aux traitements. Qualifié de "maladie silencieuse", parce qu'une personne atteinte peut vivre plusieurs années sans présenter aucun symptôme, le diabète n'en est pas moins un "tueur impitoyable", rappelle la Fédération Française des Diabétiques (FFD) avant la journée mondiale contre cette pathologie lundi.

Notre spécialiste santé, le docteur Alain Ducardonnet, confirme: "Le diabète, cet excès de sucre dans le sang, peut se développer sans manifestation extérieure pendant des années." Il est pourtant relativement facile de le détecter à temps. "Une prise de sang annuelle suffit. Le taux de glycémie est d'ailleurs réalisé dans l'examen de base", précise Alain Ducardonnet.

La Fédération internationale du diabète (FID), qui organise la campagne Test2Prevent, a l'objectif d'enregistrer 1 million de dépistages lors de cette journée de sensibilisation.

193 millions de personnes ne se savent pas atteintes

Le diabète, un trouble d'assimilation des sucres par l'organisme, existe sous deux formes. Le diabète de type 2 (près de 90% des cas) correspond à une hausse prolongée du taux de sucre dans le sang, souvent associée à l'obésité et aux modes de vie (sédentarité, alimentation...). Le diabète de type 1, qui apparaît le plus souvent de manière brutale chez l'enfant ou chez le jeune adulte, est caractérisé par une production insuffisante d'insuline, une hormone sécrétée par le pancréas.

Le nombre d'adultes diabétiques a explosé dans le monde, passant de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014, soit 8,5% de la population adulte, a alerté l'Organisation mondiale de la santé en avril. Et, selon les estimations de la FID, 193 millions de personnes ignorent qu'elles sont atteintes, courant le risque que "la glycémie élevée endommage silencieusement l'organisme".

En France, c'est la maladie chronique la plus répandue, avec "environ 3,5 millions de personnes" traitées pour diabète en 2014, selon l'Assurance maladie (3 millions pour le seul régime général de la Sécu), soit 5,3 % de la population. Et ce nombre augmente de près de 3% chaque année, même si la progression a un peu ralenti ces dernières années.

"Le diabète, une des premières causes de complications"

Être diabétique en France expose à une surmortalité importante par rapport au reste de la population, a rappelé mardi une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. En 2009, au moins 34.000 décès en France étaient liés à cette maladie ou à ses complications.

"C'est une des premières causes de complication et une des premières causes d'infarctus. Le diabète se soigne, mais ne se guérit pas", rappelle aussi Alain Ducardonnet.

Les diabétiques ont en effet un risque élevé de développer des insuffisances rénales, des plaies du pied pouvant mener à l'amputation, des atteintes de la rétine, des infarctus ou encore des AVC.

"Dix fois plus de morts que pour les accidents de la route"

La réduction de ces complications passe par un meilleur contrôle de la glycémie, mais aussi par la prévention et la prise en charge des risques associés: surpoids, hypertension artérielle, cholestérol, tabagisme et sédentarité, rappellent les spécialistes.

Selon l'Assurance maladie, le programme Sophia, auquel participent plus de 700.000 diabétiques en France, donne de bons résultats: chez ceux qui ont adhéré à ce service d'accompagnement téléphonique, le suivi des examens recommandés pour le diabète (fond d'oeil, bilan rénal, électrocardiogramme...) est meilleur que chez les autres patients.

Toutefois, pour Gérard Raymond, président de la FFD, le nombre de morts en France - "dix fois plus que les accidents de la route" - montre que "les réponses apportées ces dernières années ne sont pas à la hauteur". La FFD demande notamment le remboursement des consultations de podologie avant que les complications n'apparaissent et le remboursement des lecteurs de glucose en continu, qui permettent de mesurer sa glycémie sans se piquer le doigt et à tout moment de la journée.

David Namias avec Alain Ducardonnet et AFP