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Le dépistage du cancer du col de l’utérus va-t-il évoluer en France?

Les cancers du col de l’utérus sont principalement provoqués par des virus de la famille des papillomavirus humains (HPV).

Les cancers du col de l’utérus sont principalement provoqués par des virus de la famille des papillomavirus humains (HPV). - iStock - YakobchukOlena

Trop peu de femmes participent au dépistage individuel du cancer du col de l'utérus, selon le ministère de la Santé, qui souhaite le généraliser. Mais quelle est la meilleure méthode pour faire baisser l’incidence de ce cancer avec un coût raisonnable? L'Institut national du cancer s'est prononcé sur le sujet.

Le dépistage contre le cancer du col de l'utérus sera-t-il organisé, au même titre que celui du cancer du sein en France? C'est que préconise l'Institut national du cancer (Inca) dans une étude médico-économique. Une recommandation qui va dans le sens du ministère de la Santé, qui souhaite passer d'un dépistage individuel, soit spontané, à un dépistage généralisé dans le cadre de son troisième plan cancer 2014-2019.

Selon les chiffres officiels, le cancer du col de l'utérus touche 3.000 femmes et cause 1.000 décès chaque année. Il peut être dépisté tôt grâce à un frottis cervico-utérin (FCU) tous les trois ans, entre 25 et 65 ans. Ce cancer est principalement dû à un virus appelé "papillomavirus humain" (HPV). Le corps parvient en général à éliminer l'infection mais celle-ci persiste dans certains cas au niveau du col et provoque des lésions qui peuvent évoluer vers un cancer, en 10 à 15 ans en moyenne.

"Le frottis permet de détecter au plus tôt ces lésions précancéreuses ou cancéreuses du col de l'utérus et, ainsi, de soigner plus précocement ce cancer, voire d'éviter son apparition. On estime que 9 cancers du col de l'utérus sur 10 pourraient être évités grâce à un dépistage régulier par frottis", explique l'Inca.

Le frottis est-il la meilleure solution?

Reste à savoir quelle forme peut prendre ce dépistage organisé contre le dixième cancer le plus fréquent chez la femme en France, et c'est précisément sur ce sujet que l'Inca s'est prononcé. Conformément au Plan cancer 2014-2019, ses conclusions montrent qu’il existe bien "des gains d’efficience" à mettre en place un programme national de dépistage organisé fondé sur plusieurs axes.

Il s'agirait ainsi d'inviter les femmes qui ne se présentent pas d'elles-mêmes, mais aussi d'avoir recours au FCU en dépistage primaire et d'assurer un suivi de l’ensemble des femmes dépistées positives. Mais pour un rapport coût/résultat optimal, une stratégie différente de celle de ce troisième plan cancer est évoquée.

"Si le dépistage organisé fondé sur la réalisation d’un frottis tous les 3 ans constitue une stratégie efficiente, le passage au test HPV en dépistage primaire (des femmes à partir de 35 ans) a été identifié comme une situation cible", souligne l'Inca, avant de préciser que "dans le cadre d’un dépistage organisé fondé sur le test HPV, l’espacement des intervalles de dépistage permet de réduire les coûts pour une efficacité comparable aux stratégies de dépistage organisé fondées sur le frottis".

La stratégie la plus efficace n'est pas la moins risquée

Le test HPV est un test de détection des papillomavirus à risque. Comme pour un frottis, le médecin prélève des cellules du col qui sont envoyées à un laboratoire pour étude. Mais son remboursement n’est accordé à ce jour que lorsqu'il est réalisé à la suite d'un frottis dont les résultats demandent un approfondissement.

"Les tests HPV permettent de diagnostiquer jusqu’à 26% de lésions précancéreuses supplémentaires et permettent de réduire de 8% à 19% l’incidence du cancer du col utérin contre 14% à 15% pour la stratégie de dépistage organisé fondée sur le frottis tous les 3 ans", affirme l'Inca.

Mais de l'aveu même de l'institut, la réalisation d'un test HPV tous les 5 ans (35, 40, 45, 50...) ne peut pas être immédiatement effectuée, pour plusieurs raisons. En cause notamment, ses risques associés: économique si l’intervalle de dépistage n’est pas respecté (à 3 ans la stratégie génère des surcoûts sans efficacité supplémentaire) et clinique, en particulier de surtraitement, notamment chez les femmes jeunes.

Ce dernier se prononce donc pour une stratégie basée sur un dépistage organisé fondé sur le frottis cervico-utérin tous les trois ans, cumulé à un système de relance avec envoi d'un kit d’autoprélèvement HPV.

Alexandra Bresson