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Le cas Vincent Lambert "montre les limites de la loi Leonetti"

Alain Ducardonnet explique les limites de la loi Leonetti.

Alain Ducardonnet explique les limites de la loi Leonetti. - -

Alain Ducardonnet, spécialiste santé de BFMTV, réagit à la décision de justice imposant le maintien de l'alimentation de Vincent Lambert, un patient de 37 ans en fin de vie. Il met en avant les limites de la loi Leonetti, soulevées par ce cas difficile.

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé jeudi contre la décision d'euthanasie passive prise par les médecins de Vincent Lambert. Le juge administratif "enjoint les médecins de maintenir l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert". "Un coup d'éclat" pour le docteur Alain Ducardonnet, spécialiste santé BFMTV, qui estime que "c'était l'occasion d'appliquer la loi Leonetti". Explications des limites de cette loi avec le Dr Ducardonnet.

Peut-on rappeler ce que dit la loi Leonetti?

La loi Leonetti se scinde en deux parties, les patients conscients et les patients inconscients. Pour Vincent Lambert nous sommes dans le deuxième cas. Il est clairement dit dans la loi qu'il ne doit pas y avoir d'acharnement thérapeutique si les médecins estiment que tous les recours médicaux sont épuisés. On peut alors envisager l'idée de ne plus apporter assistance au patient. Voilà pour la partie obstination déraisonnable de la loi. Dans ce cas-là, les médecins de Vincent Lambert ont estimé que les recours médicaux ne servaient plus à rien.

"Comment peut-on recueillir le consentement d'un patient qui ne peut plus s'exprimer"?

Ce sont les médecins qui décident s'il y a acharnement thérapeutique, mais cette décision doit être prise en accord avec la famille. On touche ici à une limite de la loi, car la décision doit être prise soit selon l'avis du patient qui a été exprimé antérieurement, soit selon l'avis d'une personne représentative de la famille. Et c'est là où le problème se pose. Une partie de la famille Lambert assure avoir entendu dire Vincent qu'il ne voulait pas d'acharnement, or l'autre partie de la famille soutient que Vincent n'a jamais rien dit à ce sujet et qu'il faut continuer. Ce qui pose la limite de "comment peut-on recueillir le consentement réel du patient qui ne peut plus s'exprimé"?

Comme tout le monde n'est pas d'accord, le tribunal donne raison à la partie de la famille qui veut continuer l'alimentation. La solution à ce genre de problème serait de mettre dans la Carte Vitale du patient ses vrais souhaits.

Le patient ne pouvant plus s'exprimer, la famille devient le pilote et si la famille n'est pas d'accord, c'est la décision de continuer les soins qu'a privilégié le tribunal administratif qui prime.

L. P.