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Santé

Le cannabis reste la drogue la plus consommée en France

Un tiers des adultes de 18 à 64 ans (33%) ont déjà fumé du cannabis, qui reste la drogue la plus consommée en France, selon une étude réalisée par les pouvoirs publics. /Photo prise le 7 mai 2011/REUTERS/Mark Blinch

Un tiers des adultes de 18 à 64 ans (33%) ont déjà fumé du cannabis, qui reste la drogue la plus consommée en France, selon une étude réalisée par les pouvoirs publics. /Photo prise le 7 mai 2011/REUTERS/Mark Blinch - -

Le cannabis reste la drogue la plus consommée en France mais son usage tend à se stabiliser tandis que celui de la cocaïne continue à progresser, selon la dernière étude réalisée par les pouvoirs publics.

Un tiers des adultes de 18 à 64 ans (33%) ont déjà fumé du cannabis, indique ce sondage, publié au moment où des députés de gauche relancent le débat sur la dépénalisation du cannabis.

"Le cannabis reste de très loin la substance la plus consommée, avec 13,4 millions de personnes à l'avoir déjà essayé", écrivent l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) et l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).

Lors de la précédente enquête, menée en 2005 auprès de 27.653 personnes, 29% des sondés disaient avoir fumé du cannabis mais la hausse est "mécanique" et s'explique par "un effet de 'stock' des générations anciennes de fumeurs".

Le nombre de fumeurs réguliers (plus de dix fois par mois) s'établit à 1,2 million de personnes. L'expérimentation concerne davantage les hommes que les femmes, en particulier parmi les nouvelles générations.

"Cette étude confirme une large diffusion du cannabis dans notre pays, mais les usagers chez les adultes restent stables", a souligné Maud Pousset, de l'OFDT, lors d'une conférence de presse.

La France conserve l'une des législations les plus répressives d'Europe alors que le niveau de consommation y est l'un des plus élevés.

Des députés de gauche, dont l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant, ont proposé à la mi-juin une "légalisation contrôlée du cannabis".

DÉMOCRATISATION DE LA COCAÏNE

Les partisans de la dépénalisation pensent qu'elle permettrait de réduire fortement le trafic de stupéfiants et la délinquance tout en garantissant une meilleure qualité de la drogue.

Cette option est rejetée par le gouvernement, lequel s'appuie sur un rapport parlementaire publié mercredi et qui qualifie la dépénalisation "d'impasse éthique et juridique".

Pour ses opposants, le cannabis provoque un effet sur la mémoire immédiate et est à l'origine de nombreux accidents de la route.

Selon un récent sondage Ifop, 63% des Français sont opposés à une dépénalisation du cannabis.

La cocaïne, dont l'usage ne cesse d'augmenter depuis le début des années 90, est le deuxième produit illicite le plus consommé en France, mais touche dix fois moins de personnes que le cannabis.

En 2010, 3,8% des 18-64 ans avaient expérimenté la cocaïne, contre 2,5% en 2005 et 0,8% en 1992.

Cette hausse traduit la "démocratisation" d'un produit autrefois réservé aux milieux aisés et concerne trois fois plus les hommes que les femmes.

Les responsables de la mission interministérielle de lutte contre la drogue souligne toutefois que la France se situe dans la moyenne européenne, loin derrière la Grande Bretagne, l'Espagne et l'Italie.

L'enquête a permis de constater "une légère hausse de l'expérimentation d'héroïne", de 0,9% des 18-64 ans en 2005 à 1,2% en 2010, "ainsi qu'une légère hausse des champignons hallucinogènes, alors qu'au contraire l'usage d'ecstasy apparaît en recul".

La surprise vient de la baisse continue de la consommation quotidienne d'alcool. Les 18-75 ans ne sont plus que 12% à boire chaque jour de l'alcool, contre 16% en 2005.

En revanche, un nouveau phénomène se développe: la prise ponctuelle de grandes quantités d'alcool, surtout chez les jeunes et en particulier les jeunes femmes de 18 à 25 ans, passant de 20% à 34% entre 2005 et 2010.

"La France, qui avait une tradition latine, est en train de glisser vers un modèle nordique avec une consommation moins régulière mais plus forte", souligne François Beck, de l'INPES.

Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser

REUTERS