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Santé

La Vérif. Il y a-t-il pénurie de créneaux de vaccination en ruralité et dans les quartiers populaires?

Ce lundi matin matin, sur notre plateau, Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, a pointé des inégalités d'accès à la vaccination au détriment des personnes vivant en zones rurales ou dans les quartiers populaires. Les rendez-vous abondent pourtant sur les plateformes, bien que la réalité soit plus contrastée dans certains territoires. Explications.

À l'entrée de ce week-end, plus de 48 millions de Français avaient reçu au moins une dose de vaccin et ils étaient plus de 43 millions à avoir achevé leur schéma vaccinal. Et ce lundi marque le lancement de la prise des prises de rendez-vous - à destination exclusive pour le moment des personnes âgées d'au moins 65 ans ou immunodéprimées - visant à obtenir une nouvelle dose de rappel. Une inoculation supplémentaire dont certains ont d'ailleurs déjà pu bénéficier par anticipation selon les disponibilités des doses dans les régions.

Pourtant, ce lundi matin, sur le plateau de notre journaliste Bruce Toussaint, Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, a assuré que dans certaines zones, les prises de rendez-vous étaient sous tension:

"Beaucoup de personnes ne sont pas vaccinées, et ce sont souvent des personnes vivant dans des territoires soit reculés, en milieu rural, soit dans des quartiers populaires où il y a beaucoup moins de services publics et où l'accès est bien plus difficile. (...) Le minimum, c'est qu'il y ait une égalité d'accès et cette égalité d'accès pour la vaccination n'est pas constatée aujourd'hui. C'est de la responsabilité de l'Etat."

Cette fracture sociale et territoriale existe-t-elle? Certaines populations - rurales ou populaires - sont-elles coupées de la vaccination par un manque de créneaux disponibles ou des difficultés dans l'accès aux centres les proposant? Ces questions sont d'autant plus sensibles qu'à compter de ce lundi, deux millions de salariés sont rattrapés par l'extension de l'application du pass sanitaire.

Pas de pénurie sur les plateformes, bien au contraire

Pénurie donc? Les chiffres bruts affirment très clairement le contraire. Ce lundi à la mi-journée, la plateforme ViteMaDose signalait l'ouverture de 1.019.172 rendez-vous, répartis autour de 2311 lieux. Doctolib, l'une des interfaces permettant de s'inscrire pour une piqûre, nous a pour sa part livré les statistiques suivantes: plus de 440.000 rendez-vous disponibles sous trois jours, plus de 900.000 si l'on porte le délai à sept jours. Des données qui, par nature, ne peuvent d'ailleurs pas prendre en compte les possibilités offertes par les centres fonctionnant sans rendez-vous préalable.

De sucroît, Doctolib informe encore qu'au cours de la semaine écoulée, 57% des rendez-vous pris ont été honorés sous trois jours ou moins, et 81% sous une semaine ou moins. Quant à la moyenne nationale entre le choix d'un créneau et le rendez-vous effectif, le même site a évoqué quatre jours d'attente.

Nuances locales

Mais la froideur des chiffres et leur échelle ici nationale n'infirment pas en soi l'hypothèse de disparités locales. En prenant quelques exemples - arbitraires mais tous sélectionnés au sein des zones pointées par la responsable syndicale, à savoir rurales ou relevant de ce qu'on appelle les quartiers populaires, et en cherchant à nous inscrire en tant que personne de plus de 55 ans pouvant accéder à l'un ou l'autre des quatre vaccins validés - on constate des réalités contrastées.

Ainsi, la petite commune de Meurthe-et-Moselle de Jarny, et ses 8245 habitants, ne connaît pas pareille pénurie.

Capture d'écran des rendez-vous disponibles à Jarny.
Capture d'écran des rendez-vous disponibles à Jarny. © DoctoLib

Si nous suivons ce sillon rural plus au sud, jusqu'à la Creuse, en revanche, on s'aperçoit que tous ne sont cependant pas logés à même enseigne. Comme ci-dessous à Chambon-sur-Voueize.

Capture d'écran des rendez-vous disponibles à Chambon-sur-Voueize dans la Creuse.
Capture d'écran des rendez-vous disponibles à Chambon-sur-Voueize dans la Creuse. © DoctoLib

Du côté de Guéret, chef-lieu du département, la chose est nettement plus facile toutefois. Et un seul centre de la ville propose pléthore de dates et horaires.

Capture d'écran de rendez-vous disponibles à Guéret.
Capture d'écran de rendez-vous disponibles à Guéret. © DoctoLib

Passons à présent à l'examen de l'équation soumise dans les quartiers populaires. À Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, par exemple, la difficulté est indéniable.

La situation à Clichy-sous-Bois.
La situation à Clichy-sous-Bois. © DoctoLib

Mais des solutions sont offertes dans la commune voisine du Raincy, comme l'expose la capture d'écran ci-dessous.

Rendez-vous disponibles au Raincy.
Rendez-vous disponibles au Raincy. © DoctoLib

"Aller vers"

Des solutions alternatives et proches qui impliquent tout de même une forme de mobilité. Il faut toutefois noter que l'Assurance maladie, en partenariat avec les agences régionales de santé, tente de pallier cette entrave au moyen du dispositif baptisé "Aller vers".

Il s'agit d'un ensemble de mesures visant à amener la vaccination au plus près des segments les plus isolés de la population. Il consiste notamment en la mise sur pied de centres éphémères, de la circulation d'unités mobiles de vaccination, dans la prise en charge de transports jusqu'aux centres ou en déplacement d'un médecin au domicile du patient.

Robin Verner, avec Caroline Dieudonné