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La prégabaline, une nouvelle drogue low-cost sous le radar des autorités de santé

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022 (illustration).

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022 (illustration). - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Depuis plusieurs mois, une nouvelle "drogue du pauvre" inquiète les autorités de santé. L'utilisation détournée de la prégabaline a même forcé l'ANSM a revoir les conditions d'accès à ce médicament.

Sommes-nous en train d'assister à l'avènement d'une nouvelle "drogue du pauvre"? Depuis près d'un an, les autorités de santé s'inquiètent en effet de la popularité accrue de l'utilisation détournée d'un médicament: la prégabaline.

Plus connue sous le nom de Lyrica, le nom commercial utilisé par le grand public, la prégabaline est "un médicament assez largement prescrit en France dans trois indications", comme l'explique le docteur Jean-Pierre Thierry, consultant santé pour BFM TV.

Ce dernier précise que les trois cas de prescriptions du médicament sont prévus pour "les douleurs neuropathiques, c'est-à-dire par exemple après un zona ou chez les diabétiques, pour certaines formes d'épilepsie et plus récemment pour les troubles anxieux généralisés", détaille le docteur.

Toutefois, les pilules de Lyrica sont de plus en plus populaires dans certains milieux festifs pour leur effet désinhibant. "Les effets sont variables. Pour certaines personnes, cela peut produire une certaine excitation et donc planer un peu, c'est l'effet parfois recherché chez les jeunes", analyse le docteur Thierry.

De 2 à 3€ la pilule

Cependant, le consultant santé de BFM TV met en garde contre l'utilisation détournée du Lyrica, notamment lorsque celui-ci est consommé à fortes doses et couplé à d'autres substances médicamenteuses potentiellement toxiques.

"C'est plutôt un effet calmant, donc il peut y avoir de la somnolence quand c'est associé à d'autres produits comme les opioïdes ou les benzodiazépines. Et là effectivement les risques d'overdose sont augmentés", prévient le docteur Jean-Pierre Thierry.

La popularité de cette nouvelle drogue s'explique aussi par son prix très peu élevé. Si la boîte peut se vendre à un montant estimé entre 5 et 20€, un comprimé va pouvoir se revendre de deux à trois euros pièce. Un avantage économique qui ne fait que profiter au trafic illégal de ce médicament, qui s'étend notamment dans les grandes villes comme Marseille ou Toulouse.

Afin de freiner la propagation de cette nouvelle drogue, l'Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM) avait, en mai 2021, durci les conditions d'accès au Lyrica. Il faut désormais présenter une ordonnance sécurisée délivrée par un médecin, c'est-à-dire une prescription écrite sur un papier qualifié d'infalsifiable. Une précaution qui ne semble pas freiner l'utilisation détournée de la prégabaline.

Alexis Lalemant