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Santé

La mortalité due à la grippe revue à la hausse au niveau mondial

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Jusqu'à 650 000 décès seraient associés chaque année aux affections respiratoires dues à la grippe saisonnière, selon de nouvelles estimations publiées par les Centers for Disease Control and Prevention et l’Organisation mondiale de la Santé. Il est très important d'évaluer correctement la charge de morbidité mondiale due à la maladie pour mesurer ses conséquences sanitaires et économiques.

Chaque année, la grippe entraîne deux à six millions de consultations en médecine de ville en France, selon les estimations de l'Agence Santé publique France. L’épidémie 2016-2017 a par ailleurs été à l’origine de plus de 1 500 hospitalisations et de près de 14 400 décès, essentiellement chez des personnes à risque qui n’étaient pas vaccinées. Mais qu'en est-il pour le reste du monde?

Un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le sujet indique que la mortalité imputée à cette maladie a été largement sous-estimée ces dernières années. Ainsi, jusqu'à 650 000 décès seraient associés chaque année aux affections respiratoires qu'elle provoque, comme la pneumonie et la bronchite. Un chiffre important, car la dernière estimation officielle datait de plus de 10 ans: elle établissait entre 250 000 et 500 000 le nombre de décès à l’échelle mondiale.

"Les nouveaux chiffres, compris entre 290 000 et 650 000 décès, reposent sur des données plus récentes issues d’un groupe de pays plus large, incluant des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et excluent les décès dus à des affections autres que respiratoires.", précise l'OMS. "Ces chiffres témoignent de la forte charge de mortalité due à la grippe et de son coût social et économique considérable à l’échelle mondiale.", ajoute le Dr Peter Salama, Directeur exécutif du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire.

Les personnes âgées, premières victimes

L'OMS insiste sur l'importance de ce rapport, puisque cette nouvelle estimation renforce l'utilité de miser sur la prévention face aux épidémies saisonnières de grippe. Celle-ci tient compte des conclusions issues d’études récentes relatives à la mortalité dues aux affections respiratoires d’origine grippale, dont une étude menée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis, que publie la revue médicale The Lancet.

Selon les CDC, la plupart des décès surviennent parmi les personnes âgées de plus de 75 ans, et dans les régions les plus pauvres du monde: c’est en Afrique subsaharienne que le risque de mortalité dû à la grippe est le plus élevé puis en Méditerranée orientale et en Asie du Sud-Est. Par ailleurs, la quasi-totalité des décès chez les enfants de moins de cinq ans atteints d’infections des voies respiratoires d’origine grippale ont également lieu dans les pays en développement.

"Tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, de grande ou de petite taille, doivent travailler ensemble pour maîtriser les flambées de grippe avant l’arrivée de la prochaine pandémie. Il convient notamment d’acquérir les capacités de détecter les flambées et d’y répondre, et de renforcer les systèmes de santé pour améliorer la santé des plus vulnérables et de ceux qui sont les plus exposés au risque.", précise le Dr Salama.

Le vaccin, meilleur mesure pour éviter les complications

D'autant que le rapport conclut sur le fait que ces estimations pourraient encore être revues à la hausse ces prochaines années, si l'on considère que d’autres maladies telles que les maladies cardiovasculaires peuvent aussi être liées à la grippe. C'est pourquoi l'autorité sanitaire encourage les pays membres à considérer comme "prioritaire" la prévention de la grippe et à "produire des estimations nationales qui seront utiles pour en définir les politiques."

Elle rappelle également que la vaccination antigrippale demeure le meilleur moyen de réduire les risques de complications qui peuvent entraîner une hospitalisation, voire le décès chez les personnes les plus fragiles. Personnes âgées, immunodéprimées ou atteintes de certaines maladies chroniques, femmes enceintes, personnes obèses... plus de 12 millions de personnes peuvent bénéficier chaque année de cette vaccination en France, prise en charge à 100%.

Chez ces personnes fragiles, la grippe peut en effet se compliquer de troubles respiratoires soit parce que le malade avait déjà une fonction respiratoire déficiente soit parce qu’une infection bactérienne est venue compliquer la grippe. Parmi les complications les plus fréquentes, l'Inserm évoque ainsi la pneumonie, due à une surinfection bactérienne, l'exacerbation de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou de mucoviscidose et la décompensation de l’asthme.

Si le vaccin constitue la meilleure protection, certaines mesures d’hygiène peuvent aussi aider à prévenir la transmission de la grippe et des autres virus de l’hiver. Il est recommandé de se laver régulièrement les mains, de se couvrir la bouche et le nez avec le coude ou un mouchoir en cas de toux et d’éternuement, d'utiliser des mouchoirs en papier à usage unique et les jeter, de limiter ses contacts avec d’autres personnes en cas de syndrome grippal ou de porter un masque chirurgical en leur présence.

Alexandra Bresson