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Santé

La France interdit les mannequins anorexiques sur les podiums

Un mannequin défilant lors de la fashion week de Milan en 2007

Un mannequin défilant lors de la fashion week de Milan en 2007 - Damien Meyer-AFP

Les mannequins maladivement maigres n'auront plus le droit de défiler. Le certificat médical sera désormais obligatoire pour pouvoir fouler le catwalk. Et les photos retouchées devront être signalées. Ces mesures, débattues depuis plusieurs mois, ont été adoptées jeudi par l'Assemblée nationale lors du vote de la loi santé.

Les mannequins anorexiques sur les podiums français, c'est fini. Les députés ont définitivement approuvé jeudi une loi visant à lutter contre la maigreur excessive des mannequins dans le cadre de l'adoption de la loi santé.

Le texte adopté oblige de justifier la bonne santé du mannequin, prouvée par un certificat médical. Un état général "évalué notamment au regard de son indice de masse corporelle, compatible avec l'exercice de son métier". Toute infraction à cet article est passible de six mois d'emprisonnement et de 75.000 d'euros d'amende.

"Des personnes mettant en danger leur santé"

Dans une précédente version, le texte évoquait une mesure soumettant l'activité de mannequin à un indice de masse corporelle (IMC) minimal. Deux amendements avaient été proposés dans ce sens au mois de mars par le député Olivier Véran, élu PS de l'Isère et neurologue. "Il est intolérable que l'on puisse faire l'apologie de la dénutrition et que l'on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé", déclarait-il.

Mais quelques jours plus tard, cette proposition était retoquée. Au motif qu'il fallait redonner sa place au médecin du travail, élargir l'examen à d'autres paramètres (morphologie, sexe, âge, histoire alimentaire, recherche d'absence de menstruation) et que la mesure de l'IMC était considérée comme une discrimination à l'embauche.

Stop aux abus de photoshop

Cette nouvelle version du texte est également un coup de frein aux images trompeuses. Avec l'adoption de cette loi, les photographies de mannequins dont l'apparence corporelle a été modifiée "afin d'affiner ou d'épaissir la silhouette" devront désormais être accompagnées de la mention "photographie retouchée".

Le projet de loi initial comprenait aussi une proposition de pénalisation des sites internet pro-anas, c'est-à-dire pro-anorexie, supprimée fin novembre. Cette proposition avait suscité une réaction hostile des professionnels et des associations de prévention et de lutte contre les troubles alimentaires. La présidente de la commission des Affaires sociales, la socialiste Catherine Lemorton, avait souligné qu'une "récente étude scientifique a montré que les auteurs des sites web visés par cette disposition souffrent eux-mêmes de troubles du comportement alimentaire" et pourraient être encore plus fragilisés par une répression pénale.

Il était temps d'agir. Entre 30.000 et 40.000 personnes, des adolescentes dans 90% des cas, souffrent d'anorexie mentale, une des pathologies psychiatriques ayant la plus forte mortalité.

Céline Hussonnois Alaya avec AFP