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Santé

La cocaïne se banalise

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1,5 million de personnes affirment avoir déjà pris de la cocaïne en France selon un rapport publié jeudi. C'est cinq fois plus qu'il y a 20 ans. Moins chère et plus accessible, la cocaïne se banalise même si son image se dégrade d'après les experts.

La cocaïne se répand en France. Il est toujours plus facile de s’en procurer et surtout, cela coûte de moins en moins cher. Alors qu’il coûtait l’équivalent de 150 euros en 1990, le gramme de cocaïne coûte aujourd’hui 60 euros.

5 fois plus de consommateurs en 20 ans

Conséquence, les Français en consomment de plus en plus. 1,5 million de personnes affirment avoir déjà pris de la cocaïne en France (3,8 % de la population en 2010) selon un rapport de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies publiés jeudi. C'est cinq fois plus qu'il y a 20 ans (0,8 % de la population en 1992). 400.000 personnes en consomment au moins une fois dans l'année. La cocaïne est le deuxième produit illicite consommé en France, après le cannabis (qui est dix fois plus consommé). Auparavant réservée aux plus aisés, la cocaïne touche dorénavant tous les milieux sociaux. Ce sont même les chômeurs qui sont les plus gros consommateurs aujourd’hui.

« C’est une prison qui vous transforme le cerveau »

RMC a recueilli le témoignage de Patrick, qui est devenu accro lorsqu’il avait 35 ans. Il lui a fallu 10 ans pour décrocher. « Au début, j'ai cru que j'allais pouvoir gérer. Mais en fait vous ne gérez rien du tout. Petit à petit vous vous enfoncez. Et là l'enfer commence. J'arrivais à prendre 3-4 grammes en une nuit. La drogue vous emmène sur une autre planète, et puis après vous avez le phénomène de la descente. C'est une horreur. Vous commencez à vous dégrader. Vos dents tombent, vos narines sont complètement prises. J'ai même fait un malaise cardiaque. C'est une prison qui vous transforme le cerveau (…). Heureusement, à la naissance de mon fils j'ai eu un déclic. Je ne pouvais pas supporter d'être un père toxicomane. J'ai vraiment dit stop ».

« Les patients disent que cette substance est impossible à gérer »

Si la consommation se diffuse dans la société, les experts se félicitent d’un changement d’image de la cocaïne qui est de moins en moins associée à "la fête et à la performance". « Clairement son image se dégrade » affirme Laurent Karila, psychiatre-addictologue à l'Hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne). « Les patients disent maintenant que cette substance est impossible à gérer, alors qu'il y a des années ils disaient "j'arrive à gérer sans problèmes". Ils voient bien maintenant que c'est une drogue avec des conséquences physiques et psychiatriques : problèmes cardiaque, dépression, risques suicidaires, états délirants. Même après quelques prises seulement ».

La Rédaction avec Yann Abback