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Santé

L'enseignante vaccinée qui refusait de porter le masque en classe démissionne

Anne-Claire Rossignol avait été suspendue en novembre, au lendemain de sa décision de faire tomber le masque durant les cours.

"Mon visage, c’est mon outil de travail". Anne-Claire Rossignol, professeure au collège de Gouvieux, dans l'Oise, a préféré quitter son travail plutôt que d'enseigner masquée. Elle souhaitait partir à la fin de l'année, mais le rectorat a accepté sa démission avec effet immédiat.

Professeure de français depuis 1999, elle estime que le port du masque en classe est "nocif pour les apprentissages". Si elle ne nie pas la pandémie ou ne rejette pas entièrement le protocole sanitaire, elle revendique la nécessité de faire évoluer la rigidité des consignes sanitaires dans les établissements scolaires.

"Le métier d’enseignant doit être reconnu comme une profession dispensée de masques, au même titre que les présentateurs télé ou les avocats, par exemple", expliquait-elle sur BFMTV en novembre.

Les faits remontent au 8 novembre dernier. Anne-Claire Rossignol décide de ne plus porter son masque lorsqu'elle donne cours. Elle précise néanmoins conserver une distance de deux mètres avec les élèves et aérer les pièces. "Je n’aurais pas fait ça avant que la majorité des gens et des enfants soient vaccinés. Aujourd’hui, il faut réévaluer le rapport bénéfices-risques pour les élèves au moment où on se rend compte que l’épidémie va durer et devenir cyclique", argumente-t-elle alors.

Toutefois, elle est immédiatement suspendue par sa hiérarchie. Un mois plus tard, elle reçoit une convocation pour un passage en conseil de discipline pour le 26 janvier, finalement annulé par la récente acceptation de sa démission.

"J’avais déposé un recours gracieux qui a été rejeté en décembre, dans lequel je développais mes arguments, notamment que le protocole n’a pas valeur de loi et que le port du masque n’est obligatoire que si on ne peut pas respecter une distance de deux mètres, indique l’enseignante. Mais mon recours a été rejeté", détaille-t-elle auprès du Parisien.

"Je veux pouvoir enseigner Les Misérables avec des émotions", avait-elle fait valoir sur BFMTV. Pour l'enseignante, son métier est un "métier de communication" et l'exercer masqué est incomptable et revient à "enseigner de façon dégradée". Une pétition pour la soutenir avait été lancée et a recueilli plus de 1500 signatures.

"C’est une prof très théâtrale, c’est aussi pour cela qu’elle est si compétente. Je ne connais aucun élève qui ne l’apprécie pas et elle a un super contact avec les parents", explique une mère de famille, interrogée par Le Parisien.

Anne-Claire Rossignol déplore le manque de flexibilité du protocole sanitaire. "J’ai proposé plusieurs solutions, comme le port d’une visière, la pose de Plexiglas, de capteurs de CO2, j’étais même prête à me tester tous les deux jours alors que je suis vaccinée", explique l'enseignante.

"Conformément aux protocoles en vigueur depuis plusieurs mois, il a été précisé à plusieurs reprises à Mme Rossignol qu’elle était tenue de respecter strictement cette obligation professionnelle, sans compromis possible, rétorque le rectorat. Le 4 janvier, Mme Rossignol a adressé au recteur une lettre de démission. Celle-ci a été acceptée avec notification en date du 21 janvier. Du fait de sa démission, la procédure disciplinaire engagée à son encontre a été abandonnée".

Salomé Robles