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Santé

L'acupuncture envisagée contre les pertes de mémoire légères

L’acupuncture est une discipline issue de la tradition médicale chinoise consistant en une stimulation de "points d’acupuncture" à visée thérapeutique.

L’acupuncture est une discipline issue de la tradition médicale chinoise consistant en une stimulation de "points d’acupuncture" à visée thérapeutique. - iStock - Dean Mitchell

Déjà sollicitée pour soulager certains troubles de santé, l'acupuncture serait également efficace pour traiter la perte de mémoire subtile qui précède le développement de la démence, autrement connue comme déficience cognitive légère.

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Parmi les nombreuses médecines alternatives, l'acupuncture est l'une des pratiques les plus populaires. Contre les douleurs chroniques, les troubles du sommeil, la dépendance tabagique, les nausées de grossesse... ses applications sont nombreuses. Des chercheurs de l'université de Wuhan, en Chine, suggèrent dans une récente étude que l'acupuncture peut également être utilisée pour limiter la perte de mémoire qui précède le développement de la déficience cognitive légère, ou trouble cognitif léger (MCI).

Ce dernier se caractérise lorsqu’une personne présente une altération de ses facultés mentales, sans que cela n’affecte sa vie quotidienne. Ainsi, une personne affectée présente généralement une détérioration subtile de sa capacité de mémoire, au-delà de ce qui serait attendu pour son âge. L’évolution d’un MCI est variable et, si l’état de la plupart des personnes qui en souffre reste stable, il se peut aussi qu'il conduise à une démence.

"Environ 5% à 10% des cas de MCI évoluent vers de la démence chaque année", précisent les chercheurs.

D'où l'importance de procéder à un dépistage précoce et à des examens de suivi régulier, afin de pouvoir initier le traitement adéquat. Plusieurs études suggéraient déjà que cette pratique pouvait réduire les symptômes de MCI. Les chercheurs ont donc passé en revue les essais les plus pertinents, dans les pays occidentaux ou en Chine et comparant l'acupuncture au traitement médical, qui ont été publiés jusqu'en juillet 2015. Cinq études ont été choisies, pour un total de 568 personnes.

Une approche thérapeutique pour une prise en charge globale

Trois d'entre elles ont consisté à comparer l'acupuncture avec un médicament à base de nimodipine, tandis que les deux autres évaluaient les effets de l'acupuncture combinés à ce médicament. Les séances d'acupuncture ont été fournies trois à cinq fois par semaine pendant huit semaines dans quatre études, et pendant trois mois dans la cinquième.

L'analyse des données regroupées a montré que les patients qui avaient uniquement reçu les séances d'acupuncture ont obtenu de meilleurs scores à des tests utilisés pour évaluer le MCI que les patients traités avec le médicament. Mais les résultats les plus flagrants ont été relevés chez les patients qui avaient bénéficié d'une combinaison de ces deux médecines.

Malgré ces résultats prometteurs, les chercheurs souhaitent que d'autres essais cliniques soient menés, particulièrement dans les pays occidentaux, avant que des conclusions définitives ne puissent être tirées sur l'efficacité et la sécurité de l'acupuncture sur la mémoire. Un avis qui va dans le sens de celle de l'Inserm, qui s'est penché sur cette pratique dans un rapport publié en 2014. Le texte indique:

"L'acupuncture pourrait offrir un complément intéressant dans le cadre d’une prise en charge plus globale de la maladie en particulier lorsque la médecine traditionnelle n'est pas en mesure d'apporter un soulagement satisfaisant aux patients".

Il est indispensable de recourir à un spécialiste agréé car cette pratique n'est pas exempte d'effets indésirables. "Ils peuvent être graves, mais leur fréquence est rare, en particulier en comparaison aux effets indésirables des produits médicamenteux habituellement utilisés dans les mêmes troubles", conclut l'Inserm.

Alexandra Bresson