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"Jusqu'à 36h d'attente": à l'hôpital de Perpignan, une longue file de brancards bloqués devant les urgences

Capture d'écran d'une vidéo montrant l'attente aux urgences de Perpignan le samedi 29 septembre 2023.

Capture d'écran d'une vidéo montrant l'attente aux urgences de Perpignan le samedi 29 septembre 2023. - BFMTV

Samedi 30 septembre, l'hôpital de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, a fait face à un afflux de patients. Faute de moyens humains, des patients en attente de soins ont dû stationner de longues heures sur des brancards à l'extérieur.

Des brancards les uns en file indienne, sur plus d'une dizaine de mètres. Samedi 30 septembre, à l'hôpital de Perpignan (Pyrénées-Orientales), la CGT Sdis 66 a filmé une impressionnante file d'attente de brancards sur lesquels étaient couchés des patients, qui attendaient devant les urgences pour être pris en charge.

Pour les syndicats, c'est la goutte de trop. Le personnel de l'hôpital lance régulièrement des alertes sur les délais qui s'allongent pour la prise en charge de patients aux urgences, y compris ceux amenés par les ambulances et les pompiers, qui nécessitent donc une attention particulière.

"Ce mardi (3 octobre, NDLR) avec aucune ambulance à l'extérieur, il y avait 10h30 d'attente. Avec des files comme celle de la vidéo, on peut sans doute dépasser les 36 heures", s'agace auprès de BFMTV.com Christophe Climaco, de l'union syndicale CGT Santé et action sociale. Il précise tout de même que toutes les personnes ont pu être prises en charge, même s'il a fallu attendre longtemps.

"Épiphénomène"

La direction de l'hôpital a refusé de s'exprimer auprès de BFMTV.com sur cette situation. Le médecin-chef du Pôle Urgences a cependant pris la parole auprès du journal L'Indépendant. S'il assure être "désolé pour cette attente", il pointe vers "un épiphénomène" et l'arrivée simultanée d'une trentaine d'ambulances "d'un coup".

Cette version semble cependant mise à mal par plusieurs courriers que nous avons pu consulter. En février 2022, le personnel hospitalier s'alarmait auprès de la direction de la nécessité d'installer une tente en extérieur pour gérer temporairement le flux trop important de patients.

Deux autres courriers ont été écrits depuis - l'un par le syndicat CGT du centre hospitalier, l'autre par la CGT du Sdis 66 - et adressés à la direction de l'hôpital, mais aussi à l'ARS Occitanie et la préfecture du département. Ils alertent sur le manque de moyens humains nécessaires à l'accueil des urgences.

"Pendant ce temps d'attente, les sapeurs-pompiers sur place font face à la douleur et à l'incompréhension des victimes et de leurs familles. Les secouristes, malgré leur bienveillance et leur empathie, ont bien du mal à expliquer ce problème", peut-on lire dans l'une de ces missives.

Un été "en apnée"

La situation sur place est particulièrement tendue, selon les soignants. Mais ceux-ci sont d'autant plus surpris que la sitation de tension perdure malgré la fin de la période estivale, lors de laquelle la population du bassin perpignanais augmente fortement.

Durant cet été "en apnée", selon Christophe Climaco, la capacité d'accueil n'a pas collé aux besoins. La dégradation du service est par ailleurs régulièrement dénoncée par les patients et leurs proches. Selon le syndicat, des messages de mécontentement remontent fréquemment.

La situation est également pointée du doigt par les pompiers. Durant cette longue attente devant les urgences, ils ne peuvent pas se mobiliser sur d'autres interventions.

"Quand les patients sont sur les brancards, nous ne pouvons pas les soulager. Et nous ne pouvons pas laisser une victime attendre seule. Nous restons donc sur place et, pendant ce temps, nous ne sommes pas sur le terrain des autres interventions", déplore le secrétaire général de la CGT Sdis 66.

Dans les jours à venir, la situation risque même de s'empirer. Les urgences privées de la clinique Saint-Pierre à Perpignan vont fermer la nuit, à partir du 26 octobre 2023. À l'hôpital, la pression risque donc de croître.

Tom Kerkour