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"Je fais ça tout le temps": la cigarette électronique de plus en plus prisée chez les jeunes

Santé publique France et l'Institut national du cancer pointent du doigt "les actions de promotion sur les réseaux sociaux", alors que les jeunes sont trois plus exposés au vapotage que leurs aînés.

Dévoilé ce lundi par Santé publique France et l'Institut national du cancer, le Baromètre cancer 2021 fait pour la première fois état des perceptions et attitudes des Français vis-à-vis de la cigarette électronique. Les chiffres partagés par les deux organismes font état d'une pratique qui se massifie, notamment chez les jeunes.

"Les jeunes générations sont 3,5 fois plus nombreuses à l’avoir testé. En effet, plus de la moitié des 15-24 ans et 56,8 % des 25-34 ans l’ont déjà essayé", établit le document.

"Un outil qui doit être temporaire"

Au total, la cigarette électronique est couramment utilisée par 7,5% des Français, en augmentation de deux points par rapport à 2020. Une pratique qui inquiète, alors que ce dispositif avait initialement été développé pour venir en aide aux personnes désireuses d'arrêter le tabac.

"La cigarette électronique a été mise au point pour réduire le risque du tabac, empêcher, quand on réalise un sevrage tabagique, ce shoot de pulsion. Mais c'est un outil qui doit être temporaire, car après, cela devient une addiction gestuelle, mais également une addiction à la nicotine", indique le médecin Alain Ducardonnet, consultant santé BFMTV.

"Je fais ça tout le temps, du réveil jusqu'au soir. C'est vrai que c'est chiant, car dans mon lit je vapote tout le temps. Même en intérieur j'oublie, même dans le métro parfois, vu qu'elle ne quitte jamais ma main", détaille ainsi à BFMTV une jeune femme utilisatrice d'une cigarette électronique.

Opération marketing pour séduire les jeunes

Ces dernières années, les industriels du tabac ont redoublé d'efforts marketing afin de séduire un public plus jeune, en proposant des produits au design épuré avec des goûts variés et originaux. Le baromètre cancer 2021 pointe notamment du doigt "les actions de promotion sur les réseaux sociaux, orchestrés par l'industrie du tabac, échappant aux législations propres à chaque pays".

La marque Puff propose ainsi des recharges au goût "marshmallow", "ice candy" ou même "choco-noisette". En novembre dernier, les buralistes ont indiqué leur souhait d'être les seuls à vendre ces produits, assurant que les sites de commerce en ligne et les boutiques spécialisées dans les cigarettes électroniques bafouaient l'interdiction de vente aux mineurs.

Paradoxalement, cette massification du vapotage ne signifie pas une méconnaissance de ses dangers par les Français. Comme le souligne le Baromètre cancer 2021, "plus d'un Français sur deux (52,9%)" considère la cigarette électronique "aussi ou plus nocive que la cigarette traditionnelle".

Les Français considèrent également - à tort - que c'est la nicotine présente dans ces dispositifs qui peut provoquer un cancer.

Une pratique qui peut conduire au tabagisme?

Bien que des données scientifiques probantes manquent encore pour établir la dangerosité réelle du vapotage, la pratique n'est pas sans risques.

"Ce que montrent certaines études indépendantes du cancer, c'est que cela a un effet respiratoire, et un effet vasculaire. Il faut être objectif, c'est un produit qui n'est pas anodin. C'est un produit qui expose à moins de risques que la cigarette traditionnelle. Mais s'il peut aider certains à sortir du tabagisme, il peut également en conduire d'autres à y rentrer", détaille Loïc Josseran, tabacologue.

De plus, sur les publics les plus jeunes, une exposition précoce à la nicotine peut influencer sur le développement du cerveau, rappelle Alain Ducardonnet.

"De nombreuses actions sont d’ores et déjà engagées pour engager la dénormalisation totale du tabac et, dans ce cadre, la place de la cigarette électronique doit être questionnée", conclut le Baromètre cancer 2021.
Jules Fresard