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"J'ai eu tellement peur": ces rescapés d'un Covid grave regrettent de ne pas avoir voulu se faire vacciner

Une part de la population française refuse toujours de se faire vacciner contre le Covid-19. Mais certains, tombés gravement malades depuis, confient à BFMTV leurs regrets de ne pas avoir voulu se faire vacciner dans un premier temps.

Si la France devance désormais ses voisins européens sur le plan des premières injections de vaccin contre le Covid, la campagne vaccinale a tout de même ralenti la semaine passée sur le territoire. En France et tout particulièrement aux Antilles, une part de la population est toujours réfractaire à l'idée de se faire vacciner contre le Covid-19. Et ce malgré les appels du pied des autorités sanitaires et des médecins, qui estiment qu'il s'agit de la seule issue pour sortir de la crise sanitaire.

C'était le cas de Sesto, 60 ans, il y a encore quelques semaines. L'homme, bien que souffrant de plusieurs autres problèmes de santé, refuse de se faire vacciner contre le virus. Mais fin juillet, il attrape le Covid-19 et développe une forme grave de la maladie. Il doit alors être hospitalisé dans le service de réanimation du centre hospitalier de Nîmes, dans le Gard. Il restera une semaine en unité de soins intensifs, sous surveillance constante.

Un sexagénaire séduit par les théories du complot

Aujourd'hui, il regrette d'avoir cru aux théories du complot qu'il a pu croiser sur Internet, et qui l'ont à l'époque convaincu de ne pas se faire immuniser contre le coronavirus.

"Je suis comme la plupart (des gens)...", raconte-t-il depuis son lit d'hôpital, encore sous oxygène, face aux caméras de BFMTV. "Les réseaux sociaux disent, des médias disent que c'est des complots, mais en fait, c'est la vérité. J'étais même contre tout ce qui était vaccination comme ça, mais j'ai fait volte-face, ne vous en faites pas!"

"Je me suis retrouvé entre la vie et la mort, c'est le cas de le dire", souligne le sexagénaire, ému, qui fait désormais preuve de reconnaissance à l'égard du personnel hospitalier du CHU de Nîmes. "Ils ont une super équipe qui m'a super bien guéri", lance-t-il, le sourire aux lèvres.

"Je trouvais qu'on n'avait pas assez de retours"

Frédéric Bernardie est lui aussi un rescapé du Covid-19. Installé dans sa chambre en centre de rééducation, il est désormais en convalescence en Gironde. Il sort d'un mois d'hospitalisation, de 10 jours de coma et de soins intensifs. À BFMTV, il ne cache pas avoir été "terrassé" par le virus, et assure que le fait de ne pas s'être fait vacciner est "le plus grand regret" de sa vie.

Pourtant, lui non plus ne croyait pas aux vaccins il y a encore quelques semaines, avant d'être contaminé par un collègue aux convictions anti-vaccins. "En fait, je trouvais qu'on n'avait pas assez de retours, et j'estimais qu'on n'avait pas assez d'expérience pour être vacciné. Et comme un imbécile, je n'ai pas voulu le faire. Mon épouse, elle, est vaccinée depuis le mois de juin". "Ça ne l'a pas empêchée d'attraper le virus, mais elle n'a rien eu de spécial", raconte-t-il devant nos caméras.

"Je n'ai pas souvent le regret de faire ou de ne pas faire des choses, mais je crois que c'est le plus grand regret de ma vie, de ne pas l'avoir fait", assène ce patient qui se présente maintenant comme "un ambassadeur du vaccin", la voix toujours rauque.

Plusieurs proches "se sont décidés"

Mais l'expérience de Frédéric a un peu changé la donne. "J'ai eu tellement peur que j'ai demandé à plusieurs reprises de mourir", se souvient Frédéric Bernardie, qui dit avoir "perdu 9 kilos". "Ma femme est allée plusieurs fois à l'église brûler des cierges parce qu'on lui a dit qu'il y avait une chance sur deux que je m'en sorte".

Son épouse Laure Bernardie, elle, raconte que depuis que Frédéric a été malade, "tout le monde" autour d'eux "s'est précipité à dire 'vite, vite on va prendre rendez-vous'" pour se faire vacciner. "Ça a fait effet boule de neige et énormément de gens se sont décidés, alors qu'avant ils n'étaient pas pour".

Parmi ces vaccino-sceptiques finalement vaccinés, les enfants de 24 et 27 ans du couple. Face à "un vaccin qui arrive aussi vite, on est toujours un petit peu récalcitrant, on ne sait pas ce qu'ils vont nous injecter", estime toujours l'un de leurs fils, Enzo Bernardie, avant de reconnaître: "On se pose des questions et c'est normal mais avec ce qui s'est passé, il faut se rendre à l'évidence".

Frédéric Bernardie, qui doit désormais attendre trois mois avant de pouvoir se faire vacciner, a en tout cas pris rendez-vous pour recevoir une dose de vaccin anti-Covid le 6 octobre prochain. L'objectif du gouvernement est d'atteindre 50 millions de primo-vaccinés "fin août ou les jours suivants".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV