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INFOGRAPHIE. Covid-19: les variants se propagent-ils plus vite chez les enfants?

Infographie sur les variants du Covid-19 par classe d'âge

Infographie sur les variants du Covid-19 par classe d'âge - BFMTV

Le dernier bulletin de Santé Publique France révèle des suspicions de variants plus élevés chez les jeunes populations, particulièrement les enfants de 0 à 9 ans.

Le virus progresse en France, et "l’explication la plus évidente tient à l’apparition de cette nouvelle forme du virus, ce que l’on appelle les souches variantes", a énoncé Jean Castex ce jeudi soir lors de sa conférence presse. Mais à quel point ces dernières se diffusent-elles au sein de la population?

Près de la moitié des cas confirmés de Covid-19 en France sont désormais des suspicions de variant anglais, selon les dernières estimations de Santé publique France, réalisées à partir des tests de "criblage". Ces tests réalisés sur un peu plus de la moitié des dépistages menés en France, visent à évaluer la présence des variants, en identifiant certaines molécules actives du virus.

"La plus forte proportion" observée chez les 0-9 ans

Et selon les derniers résultats, dévoilés ce jeudi, c'est chez les enfants de moins de 10 ans qu'est observée la plus forte proportion de suspicions de variant anglais, réputé plus contagieux. L'infographie ci-dessous résume les résultats des tests de criblage et montre la présence accrue des variants auprès des populations les plus jeunes.

"La plus forte proportion de suspicions de variant (anglais) était observée chez les 0-9 ans (57,3%) et les 10-19 ans (52,7%)", note Santé publique France dans son bilan hebdomadaire. "Cette proportion diminuait ensuite à mesure qu’augmentait l’âge pour atteindre 31,3% chez les 90 ans et plus." La proportion moyenne est de 49,3% toutes classes d'âges confondues.

Des seniors plus confinés?

Comment expliquer un tel écart avec les seniors? "Mon hypothèse, c'est qu'il s'agit d'un simple décalage temporel", estime Jean-Stéphane Dhersin, spécialiste de la modélisation des épidémies au CNRS, interrogé par BFMTV.com. "Les personnes âgées sont moins en contact avec la population générale, il y a plus d'étapes avant qu'elles soient contaminées - le plus souvent par leurs proches."

L'un des schémas les plus classiques de contamination selon le spécialiste est d'ailleurs la contamination d'un enfant à l'école, qui contamine un parent, puis un grand-parent.

Une hypothèse corroborée récemment par Bruno Coignard, directeur du service des maladies infectieuses de Santé publique France. "Les personnes âgées ont très certainement une propension à se protéger plus forte, avec moins d’opportunités de contact", notait-il, cité par Le Parisien.

"Pas de tropisme particulier" pour les plus jeunes

Quid des études publiées il y a quelques semaines affirmant que les enfants étaient plus susceptibles de transmettre le variant anglais? Jean-Stéphane Dhersin doute de la fiabilité de ces chiffres.

"Les études britanniques ont rapidement affirmé que les enfants étaient davantage contaminés avec le variant anglais. Mais les enfants étaient sureprésentés dans l'étude, ce qui a créé un biais. Au final, on ne sait pas vraiment: on est dans le flou."

Au début du mois de janvier 2021, une infirmière londonienne affirmait même avoir "toute une salle d'enfants" atteints du variant anglais et "que certains de (ses) collègues étaient dans la même situation", décrivant une situation "effrayante". Massivement relayée dans les médias, notamment en France, de nombreux pédiatres ont dû contredire ce témoignage, tout comme les statistiques: le nombre d'enfants britanniques hospitalisés pour du Covid-19 n'ayant pas sensiblement augmenté au Royaume-Uni.

"A priori, il n’y a pas de tropisme particulier de ce variant vers les populations les plus jeunes", assure Bruno Coignard.

Quid des variants sud-africains et brésiliens? Selon Jean-Stéphane Dhersin, il est encore trop tôt pour évaluer leur contagiosité par classe d'âge. D'après le spécialiste, les chiffres sont encore trop faibles en France et les pourcentages peuvent s'envoler au moindre cluster, biaisant complètement les comparaisons.

Louis Tanca Journaliste BFMTV