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"Il voulait se laisser du temps avant le vaccin": cet urgentiste raconte la prise en charge d'un patient atteint d'un Covid grave

Romain Brune, un urgentiste et smuriste travaillant en Seine-Saint-Denis, a raconté à BFMTV avoir pris en charge un patient atteint d'un Covid grave jeudi, ce qui n'était pas arrivé depuis le mois de mars.

Un témoignage fort et glaçant. Romain Brune est urgentiste et smuriste en Seine-Saint-Denis. Mercredi, il a raconté sur Twitter avoir pris en charge son "premier Covid grave" depuis plusieurs semaines.

Le patient, âgé de 40 ans, n'avait aucun antécédent de santé et aucun problème particulier. Testé positif au Covid-19 il y a quinze jours, il présentait mercredi soir "des difficultés respiratoires". "J'étais de garde et on a été appelés pour prendre en charge ce monsieur", a expliqué le soignant à BFMTV.

Au moment de l'examen, ils se sont rendus compte qu'il était "très essoufflé", qu'il avait "du mal à parler" et qu'il ne pouvait plus "faire le moindre effort". "Il avait une saturation très basse, le reflet de l'oxygène dans son sang était très bas. Donc on lui a mis de l'oxygène pour qu'il respire mieux et pour lui sauver la vie. Il a ensuite été transporté en réanimation", nous a raconté Romain Brune.

"Un moment très fort et très intense"

Pour le jeune urgentiste, le trajet a été "un moment très fort et très intense". "Sa femme était en pleurs. Elle était effrayée et affolée. Lui aussi, je lisais la peur dans ses yeux. Il m'a dit qu'il avait peur de mourir et laisser son fils de six ans seul", s'est-il souvenu.

"Je lui ai demandé, pour guider la prise en charge, s'il était vacciné. Il m'a répondu qu'il n'avait pas été vacciné car il voulait 'se donner du temps'. J'ai ressenti beaucoup de compassion, d'effroi et de peine car je me suis dit que s'il avait été vacciné, il y aurait eu de grandes chances qu'il ne soit pas à ce stade-là de la maladie", a expliqué Romain Brune.

L'homme l'a "beaucoup ému" car "il n'était pas anti-vaccin ou vindicatif": "C'était juste un monsieur qui, comme la plupart des gens, s'est laissé aller en se disant que ça ne le concernait pas forcément parce qu'il n'avait pas de facteur de risque, alors que ça peut toucher tout le monde."

L'importance de la vaccination

Depuis le mois de mars, Romain Brune n'avait pas eu de patient avec des symptômes de Covid-19 graves. "Ça m'a replongé dans la première vague. C'était la violence de la mort, tout le temps présente, des gens qui mouraient, la peur des gens et leur désarroi", s'est-il rappelé.

L'urgentiste établit, cependant, une différence entre 2020 et 2021. Le vaccin permet d'éviter, selon lui, ce genre de cas:

"C'est frustrant parce qu'on se dit que ces gens auraient pu éviter cette douleur s'ils avaient pu se faire vacciner à temps ou voulu se faire vacciner. Le cœur du sujet, ce sont les gens qui hésitent ou ont peur de se faire vacciner. Peut-être à juste titre, c'est difficile de trier toutes les informations. C'est très important de débattre de la vaccination, mais derrière il y a une réalité hyper violente de morts, de patients de 40 ans, de jeunes patients qui ont des enfants de six ans et qui sont à deux doigts de mourir."

Interrogé, ensuite, sur le plateau de BFMTV, Romain Brune s'est dit "prêt", en cas de nouvel engorgement des services hospitaliers: "Les équipes sont au bout du rouleau, ce serait difficile d'avaler une quatrième vague, mais on fera face."

Manon Van Overbeck et Clément Boutin