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Santé

Hospitalisations sans consentement, contention: les psychiatres alertent Véran

Olivier Véran le 24 février 2021 à Dunkerque

Olivier Véran le 24 février 2021 à Dunkerque - Denis CHARLET © 2019 AFP

L'ensemble des instances représentatives de la psychiatrie alertent le ministre de la Santé sur les dangers d'un recours systématique à des "mesures privatrices de liberté" pour leurs patients qui "doivent diminuer drastiquement".

Dans une lettre ouverte publiée ce jeudi, les signataires, parmi lesquels le Syndicat des Psychiatres Français, disent "soutenir et encourager pleinement les mesures permettant de ne pas recourir" aux "hospitalisations sans consentement" et aux "mesures d'isolement et de contention" qui "peuvent entraîner un traumatisme psychique aux conséquences durables".

Ces pratiques, "favorisées par la dégradation de l'offre de soin psychiatrique, notamment la pénurie de psychiatres et de personnels soignants des établissements publics", sont "des pratiques de dernier recours", soulignent-elles, en référence à une loi adoptée sur le sujet le 14 décembre 2020.

Elles appellent le ministre de la Santé à "ne pas publier dans la précipitation" son décret d'application qui "définit des critères de durée et de renouvellement très stricts, dont l'application paraît difficile si ce n'est impossible en raison notamment des moyens actuels de la psychiatrie publique".

Dignité des patients

Les signataires se réfèrent à la "Commission nationale de la psychiatrie", récemment mise en place par Olivier Véran, et qui a estimé "sur plusieurs points (que) la loi serait inapplicable sans aménagements et sans préalablement 'un travail de terrain par étapes'".

Cette commission "a également insisté sur les risques de rupture du secret médical dans le cadre des éléments à fournir au juge des libertés et de la détention, ainsi qu'aux multiples intervenants impliqués dans la procédure envisagée", soulignent les organisations.

Elles demandent au ministre d'ouvrir "une large concertation" autour du décret et "de la prévention du recours aux mesures de privation de liberté avec toutes les parties prenantes afin que les pratiques de l'isolement et de la contention diminuent réellement et drastiquement, qu'elles soient encadrées dignement et efficacement dans l'intérêt des patients, et fassent l'objet d'une réflexion large sur le processus de soin en psychiatrie".

AL avec AFP