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Hauts-de-France: les soignants craignent de devoir "faire le tri" entre les patients

Avec un taux d'occupation de 88% des lits de réanimation dans la région, la situation frôle un seuil critique dans les Hauts-de-France. Les soignants redoutent de devoir choisir entre les malades.

La situation continue de se détériorer dans les Hauts-de-France. Actuellement, 633 malades du Covid-19 sont hospitalisés en réanimation dans la région. Le taux d'occupation dans la région atteint 88% alors même que les établissements ont ouvert de nouveaux lits ces derniers jours.

Face à cette dégradation -et aucun signal positif pour les prochains jours- la question d'un possible tri des patients se fait de plus en plus pressante pour les personnels soignants.

Patients Covid et non-Covid s'accumulent

"C'est vrai que la notion de tri existe déjà dès la première vague", a expliqué ce mardi le professeur Arnaud Scherpereel, chef de service au CHU de Lille, en charge d'une unité Covid à l'hôpital Calmette, sur BFM Lille.

"Quand on déprogramme, ça veut dire qu'on sélectionne le niveau d'urgence des patients. C'est une réalité pour les patients non-Covid depuis le départ", a-t-il poursuivi.

Évoquée à plusieurs reprises depuis le début de la crise sanitaire, cette menace du tri prend corps entre patients Covid et non-Covid qui s'accumulent dans les services. Entre les vagues de l'épidémie, il a fallu "rattraper le temps perdu", explique Pr Arnaud Scherpereel. "C'est extrêmement difficile de tout prendre en charge".

"On peut déjà avoir des choix à faire en terme d'accès aux soins", complète le professeur Arnaud Scherpereel.

En réanimation, "ce n'est pas seulement une machine qu'on met sur le patient, c'est tout un environnement: il faut des infirmières, des aides-soignants des médecins autour".

"Des décisions difficiles pourraient être prises"

Toutefois, invité sur BFMTV, le professeur Patrick Goldstein, chef du Samu du Nord, "espère bien ne pas avoir à le faire" et assure qu'aucun tri n'est encore fait actuellement.

"Un certain nombre d'interventions vont être déprogrammées mais en aucun cas des interventions qui touchent à la vie", affirme le médecin. Si des "décisions difficiles pourraient être prises, nous n'en sommes absolument pas là", ajoute-t-il.

"Les médecins réanimateurs et urgentistes effectuent des priorités au soin qui ne veulent pas systématiquement dire entrer en réanimation", déclare Patrick Goldstein, selon qui les soignants doivent faire la balance entre le bénéfice de la réanimation "et ce qui pourrait être le confort de vie" d'un patient.

Et de conclure: "on ne fait pas rentrer quelqu'un de 90 ans en réanimation dont l'espérance de vie est malheureusement très très faible".

Benjamin Rieth Journaliste BFM Régions