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Santé

Grippe: une épidémie tardive et virulente chez les enfants pendant l'hiver 2016

En 2015-2016, l'épidémie de grippe fut particulièrement virulente chez les enfants de moins de 15 ans.

En 2015-2016, l'épidémie de grippe fut particulièrement virulente chez les enfants de moins de 15 ans. - iStock

La grippe saisonnière 2016-2017 n'a pas encore fait officiellement son apparition mais le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire montre quelles furent les tendances la saison dernière: l'épidémie s'est déclenchée tardivement et s'est montrée plus virulente chez les enfants que les personnes âgées.

Alors que la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière vient de débuter et sera officielle jusqu'au 31 janvier 2017, le bilan de la saison 2015-2016 vient d'être publié par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) rédigé par Santé Publique France.

Ce dernier s'appuie sur des données de surveillance issues de plusieurs réseaux: la médecine ambulatoire, les signalements d’épisodes d’infections respiratoires aiguës (IRA) dans les collectivités de personnes âgées, la surveillance des passages aux urgences et des hospitalisations pour grippe, la surveillance des cas graves de grippe et les données de mortalité.

Ces données montrent que l'épidémie de grippe 2015-2016 a été tardive et longue. Elle a débuté en janvier en Bretagne et s’est étendue à l’ensemble de la métropole la semaine suivante, pour une durée de 11 semaines et une fin officielle le 25 avril. C'est "au-delà des 9 semaines observées en moyenne depuis 1985 par le réseau Sentinelles", précise le BEH.

La souche la plus virulente non incluse dans le vaccin

L’estimation du nombre de consultations a été de 2,3 millions pendant cette période, avec un pic d’activité observé entre le 14 mars et le 20 mars 2016 et un total de 1 109 cas graves signalés par les services de réanimation. Si sa gravité a été qualifiée de "modérée", les services sanitaires ont dû faire avec une majorité de virus grippaux de type B de la lignée B/Victoria.

Les virus grippaux de sous-type A(H1N1), quelques virus de sous-type A(H3N2) et des virus de type B de la lignée B/Yamagata furent ensuite les plus élevés en terme d'incidence. Or, tous les virus A(H1N1) étaient similaires à la souche vaccinale, mais les virus B/Victoria n’étaient quant à eux pas inclus dans le vaccin de la saison 2015-2016. Une particularité qui explique pourquoi l'épidémie a particulièrement touché les enfants de moins de 15 ans, qui ont représenté 42% des consultations.

"Les dernières épidémies où le virus B/Victoria a circulé largement datent de 2010-2011 et de 2005-2006. En conséquence, une large part des jeunes enfants n’avait pas ou peu rencontré ce virus et n’était donc pas protégée", explique le BEH.

L'ampleur de chaque épidémie est imprévisible

En revanche, les personnes âgées ont été beaucoup moins affectées que l'hiver dernier car les virus de type B et le virus A(H1N1) n'ont pas une telle virulence chez ces derniers.

"Ce moindre impact chez les seniors pourrait expliquer pourquoi la probable baisse d’efficacité du vaccin qui ne contenait pas la souche B/Victoria s’est faite peu ressentir", selon le BEH.

Mais parmi les 215 décès recensé aux urgences, 53% des patients avaient 65 ans et plus. La majorité avait un facteur de risque lié essentiellement à l’âge ou à la présence d’une pathologie chronique (pathologies pulmonaires, pathologies cardiaques, diabète). Reste à savoir si cette tendance sera la même cette année ou totalement différente, car "le virus de la grippe évolue chaque année", précise l'Assurance-maladie.

De fait, l'ampleur et la gravité de l'épidémie attendue sont imprévisibles: chaque hiver, la grippe saisonnière touche en moyenne 2,5 millions de personnes en France. D'où l'importance de se faire vacciner, notamment les personnes à risque (personnes âgées, femmes enceintes, personnes souffrant d'obésité ou de maladies chroniques).

A cette occasion, c'est 11 millions de personnes qui reçoivent un bon de prise en charge de l’Assurance maladie afin de les inciter à se faire vacciner en retirant gratuitement le vaccin en pharmacie. Mais "moins d’une personne sur deux pour lesquelles la grippe représente un danger est vaccinée", précise le ministère de la Santé. Santé publique France estime à 2.000 le nombre de décès évités chez les seniors chaque année grâce à cette vaccination.

Alexandra Bresson