BFMTV
Santé

Greffe de tête sur un autre corps: un Russe de 30 ans se porte volontaire

Opération dans un hôpital de Lille en 2013 (illustration)

Opération dans un hôpital de Lille en 2013 (illustration) - Philippe Huguen - AFP

Atteint d'une maladie dégénérative, cloué à un fauteuil roulant, Valeri Spiridonov vient de se porter volontaire pour que sa tête soit greffée au corps d'un autre.

Son nom: Valeri Spiridonov. A 30 ans, ce jeune homme russe, atteint d'une grave maladie dégénérative, s'est porté volontaire pour que sa tête soit transplantée sur un nouveau corps. Une première mondiale.

Il rejoint ainsi le pari polémique du Dr Sergio Canavero, surnommé "docteur Frankenstein", qui veut être le premier chirurgien au monde a réussir cette greffe d'une tête vivante sur un corps mort . Ce dernier l'aurait choisi parmi une longue liste, et a annoncé lui-même leur "collaboration" le 8 avril. Concernant le corps, le donneur devra être en état de mort cérébrale.

> Valeri: 30 ans, malade, et déterminé

Valeri Spiridonov a la maladie de Werdnig-Hoffman et vit en fauteuil roulant. Cet habitant de Vladimir, à l'est de Moscou est programmeur et ne s'est entretenu avec le médecin, qu'il a contacté il y a deux ans, que par e-mail et par Skype pour le moment. "Ma décision est définitive, je ne changerai pas d'avis", a expliqué Valeri Spiridonov au Daily mail qui explique qu'"il veut saisir cette chance d'avoir un nouveau corps avant de mourir". "Est-ce que j'ai peur? Oui, bien sûr. Mais ce n'est pas qu'effrayant, c'est aussi très intéressant", a déclaré le volontaire au journal anglophone. "Je n'ai pas beaucoup de choix. Si je ne saisis pas cette chance, mon sort ne sera pas enviable. Mon état empire chaque année", a-t-il expliqué.

Comparant son expérience à la recherche spatiale, il n'a plus qu'un crédo: "Si vous voulez que quelque chose arrive, vous devez y participer", a-t-il déclaré, ajoutant: "Je comprends les risques d'une telle chirurgie. Ils sont multiples. On ne peut même pas imaginer ce qui peut dysfonctionner".

> L'opération: 36 heures et des centaines de questions

D'après les estimations de Sergio Canavero, l'opération devrait durer au moins 36 heures et nécessiterait une équipe de 150 personnes. Elle pourrait avoir lieu dès 2016. Une première extrêmement risquée.

Comme le rappelle Courrier International, "jusqu’ici, les essais sur les primates se sont soldés par la mort de l’animal, au bout de neuf jours". Un des principaux défis de cette opération consiste à préserver la vitalité de la tête du patient une fois détachée de son corps. Le corps du donneur et tous ses organes devront aussi faire l’objet d’une prise en charge exceptionnellement compliquée afin de les préserver d’une défaillance.

Le docteur italien mise sur un "ingrédient magique", le polyéthylène glycol, pour réussir la fusion des moëlles épinières. Mais de nombreux scientifiques sont très dubitatifs quant aux chances pour un tel projet d'aboutir.

Après la transplantation, Valeri Spiridinov serait maintenu dans un coma artificiel pendant un mois, afin de laisser les muscles du cou immobiles. Pendant ce temps, des électrodes permettront de régénérer les liaisons nerveuses et "stimuler la fusion des moëlles épinières" précise Courrier international.

> Les suites: totalement imprévisibles

"C'est l'évolution logique de la technologie", estime encore Valeri Spiridonov sur le Daily Mail. "Il serait étrange de s'arrêter au moment ou la neurochirurgie est sur le point de passer un cap", ajoute-t-il. Si le projet fonctionne mal, "peut-être que quand je voudrai bouger ma jambe, mon corps produira un litre d'adrénaline à la place", s'amuse-t-il, "mais je veux prendre le risque". 

Si la greffe réussissait, il pourrait à nouveau parler avec sa propre voix, bouger, sentir son visage, et se lever au bout d'un an.

Les conséquences psychologiques, elles, sont absolument imprévisibles. On sait néanmoins que de nombreux patients greffés d'un membre ont du mal à l'accepter. Canavero confiait récemment à la revue scientifique New Scientist : "Si la société s’y oppose, je ne le ferai pas. Mais si les gens n’en veulent pas aux Etats-Unis ou en Europe, ça ne veut pas dire que ce ne sera pas fait autre part". Quoi qu'il en soit, on devrait en entendre à nouveau parler sous peu.

A. D.