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Santé

Greffe de peau à 95%: le coup de maître de la médecine française

Un homme de 33 ans brûlé sur 95% du corps a survécu grâce à une greffe de peau prélevée sur son frère jumeau. Le Pr Maurice Mimoun, le chirurgien-plasticien qui a réalisé cette opération, a raconté sur BFMTV les coulisses de cette greffe hors norme.

Le 27 septembre 2016, Franck Dufourmantelle est admis au centre spécialisé de l'hôpital Saint-Louis, à Paris. Brûlé sur 95% de son corps lors d'un accident du travail, cet opérateur chimiste est quasiment assuré de mourir. "Nous avions une chance infime de le sauver", raconte ce jeudi sur BFMTV le Pr Maurice Mimoun, chef du service de chirurgie plastique et reconstructrice à l'hôpital Saint-Louis. 

La chance de ce jeune trentenaire: il a un frère jumeau homozygote (du même œuf) qui a donc "génétiquement la même peau", ce qui a permis de réduire les possibilités de rejet de greffe ainsi que les traitements immunosuppresseurs associés. "Grâce à son frère, on avait un réservoir de peau extraordinaire", affirme le médecin qui explique que cette opération délicate a été une "lutte contre la montre car en matière de brûlure, il faut aller extrêmement vite".

"On est sur le point de trouver une peau universelle"

"C'était extraordinaire de pouvoir le voir se verticaliser et puis un jour, aller à la cafétéria avec son épouse, c'était un moment de bonheur incroyable. Cet homme qui devait mourir, on l'a rendu à sa famille", se félicite Maurice Mimoun pour qui cette opération de grande envergure - une première mondiale - est "un véritable coup de chapeau pour la médecine française, mais aussi pour l'assistance publique".

La réussite de cette greffe "ouvre des perspectives car on a vu que le cercle vicieux qui aboutit normalement à la mort de ces brûlés parce qu'ils font des chocs, se transforme en cercle vertueux qui se régénère", explique-t-il. "On a prouvé que si l'on disposait d'un capital cutané suffisant - et un jour on disposera d'une peau artificielle que l'on pourra greffer sur toutes les personnes -, on peut les tirer d'affaire", observe-il. "Je pense que cette peau universelle, on n'est pas loin de la trouver. On peut être un peu utopistes mais je crois que les chercheurs sont sur le point de trouver quelque chose", a conclu le Professeur.

Mélanie Rostagnat