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Santé

Fonds mondial de lutte contre le sida: à Lyon, Macron donne trois heures pour réunir 14 milliards de dollars

Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron. - Philippe Lopez - AFP

Le chef de l'Etat a annoncé une augmentation de 15% de la contribution française au Fonds mondial ce jeudi, soit 162 millions d'euros supplémentaires.

"On n'y est pas": Emmanuel Macron a mis la pression sur plusieurs gouvernements, jeudi, pour réunir les 14 milliards de dollars nécessaires à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en annonçant une hausse de 15% de la contribution française.

"Je ne laisserai personne sortir de cette pièce"

"Dans les trois heures qui viennent, on doit atteindre les 14 milliards. Donc, vous l'aurez compris la pression va être maximale", a lancé le président à la tribune de la conférence de refinancement du Fonds mondial de lutte contre ces maladies infectieuses, qui rassemble 700 participants depuis mercredi à Lyon.

"Je ne laisserai personne sortir de cette pièce ou quitter Lyon tant que les 14 milliards n'auront pas été obtenus. Et donc tout à l'heure nous les aurons", a ajouté le chef de l'État en sonnant la mobilisation générale des contributeurs avant la clôture de la conférence jeudi.

Il a tout particulièrement sollicité à la tribune le Japon, la Norvège et l'Australie, ainsi que les Emirats Arabes Unis, le Qatar et l'Arabie Saoudite, qu'il a appelés à se "réconcilier" diplomatiquement autour d'un effort financier commun en faveur du Fonds mondial.

162 millions d'euros supplémentaires

L'objectif de ce dernier, créé en 2002, est de réunir 14 milliards pour les 3 ans à venir, avec l'ambition d'éradiquer ces trois pandémies infectieuses à l'horizon 2030.

Pour atteindre cette somme, contre 12,2 milliards de dollars lors de la dernière conférence, un effort sensible était demandé aux pays les plus riches. Après les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne ou le Canada, la France, historiquement le deuxième contributeur, a annoncé par la voix de Emmanuel Macron une hausse de 15% de sa contribution.

Celle-ci, stable à 1,08 milliard d'euros depuis 2010, devrait donc augmenter de 162 millions d'euros, soit 177,8 millions de dollars au taux de change actuel. De quoi décevoir les ONG. Un collectif de 12 organisations de la société civile, dont Aides, Oxfam, Solidarité sida ou Sidaction, avait en effet réclamé une hausse "d'au moins 25%" pour la France, soit 270 millions.

"La pression que le président a mise sur les autres pays, c'est excellent", estime Florence Thune, directrice générale de Sidaction. "Mais avec une hausse de 15%, il fait le minimum syndical. On sait qu'il peut faire plus et on espère qu'il va le faire pour entraîner les autres en tant que pays hôte", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Bono et Bill Gates présents

Actuellement, sida, tuberculose et paludisme font près de trois millions de morts par an, dont 1,6 million pour la tuberculose en 2017 et plus de 435.000 pour le paludisme. En 2018, près de 38 millions de personnes vivaient avec le VIH et le nombre d'infections, de l'ordre de 1,7 million, "reste inacceptable", selon le Fonds.

Dans les pays où il investit, le Fonds indique que 18,9 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral contre le VIH en 2018 et que 5,3 millions étaient testées et traitées pour une tuberculose, 131 millions de moustiquaires ayant par ailleurs été distribuées pour protéger les familles du paludisme.

Le Fonds est aussi financée par des donateurs privés. Emmanuel Macron a salué la contribution du milliardaire américain Bill Gates, le premier d'entre eux qui a relevé de 600 à 700 millions de dollars l'apport de sa fondation pour les trois prochaines années, ainsi que l'engagement du chanteur Bono. Tous deux sont présents à Lyon.

B.R. avec AFP