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Santé

Faut-il vous faire vacciner ?

Fabriqué deux plus rapidement que le vaccin contre la grippe saisonnière, il contient un amplificateur d'effet qui pourrait "déclencher des réactions immunitaires excessives"

Fabriqué deux plus rapidement que le vaccin contre la grippe saisonnière, il contient un amplificateur d'effet qui pourrait "déclencher des réactions immunitaires excessives" - -

Elaboré plus rapidement que d'habitude, le vaccin contre le virus H1N1 est-il vraiment sûr ? Des spécialistes en soulignent les inconnues et risques possibles.

Plusieurs millions de doses de vaccins contre le virus H1N1 sont attendues pour la mi-octobre en France, où l'on compte désormais 14 décès liés à la grippe A [2 en métropole, 7 en Nouvelle-Calédonie, 3 en Polynésie et 2 à la Réunion]. Mais la vaccination contre la grippe A doit-elle être pour autant systématique ? Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI, affilié à la CFE-CGC) met en garde contre les risques liés aux délais de fabrication très courts et au manque de recul sur les effets du vaccin.

Un amplificateur d'effet, dangereux ?

Certaines personnes (de l'ordre de 2 pour 1 million en temps normal) subiront de toute façon des effets secondaires. Mais le SNPI remet en cause la composition du vaccin, notamment la présence d'un amplificateur d'effet. Il a été utilisé pour répondre à l'urgence de la production et « n'a jamais été utilisé auparavant dans un vaccin commercialisé à large échelle ». Selon le SNPI, cet amplificateur pourrait « déclencher des réactions immunitaires excessives ». « D'ailleurs, souligne Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat, le Comité technique des vaccinations, qui dépend du ministère, s'est prononcé, pour dire qu'effectivement il faudrait que les personnes fragiles aient un vaccin spécial sans adjuvant. »

« Nous allons être obligés d'utiliser les vaccins »

Le vaccin contre le virus H1N1 aura été fabriqué en deux fois moins de temps qu'il n'en faut pour le vaccin de la grippe saisonnière. Si les tests nécessaires auront été faits avant sa mise sur le marché, leurs résultats ne seront pas tout de suite connus. Mais Philippe Lechat, directeur de l'évaluation des médicaments à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), tente de rassurer : « Compte tenu du délai extrêmement court, pour mettre sur le marché des nouveaux vaccins, tout de suite, dans le mois qui vient, nous n'aurons pas les résultats de tous les essais cliniques qui sont actuellement réalisés. Mais ces résultats vont venir très rapidement. Comme on craint le développement de la pandémie à l'automne, nous allons être obligés d'utiliser les vaccins. Et toute la connaissance que nous avons sur ce type de vaccin nous permet de penser que le bénéfice-risque est favorable, comparé au risque de développement de la grippe sans vaccin. »

« Que les gens décident par eux-mêmes »

Du côté du SNPI, on se veut plus prudent. Convaincu que la vaccination ne devrait pas être systématique, Thierry Amouroux explique : « Pour l'instant, la grippe H1N1 c'est une petite grippe comme une autre, qui dure une semaine. Mais d'un autre côté, il y a le risque, pour très peu de monde, de déclencher de graves pathologies. Or, là pour l'instant, on dit aux gens : il faut absolument se faire vacciner contre cette "peste noire" du 21ème siècle. Nous, on souhaite que les gens décident par eux-mêmes, en ayant le pour, et le contre. »

La rédaction, avec Claire Andrieux