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Santé

Faut-il encore se supplémenter en calcium? 

Le calcium en comprimés n'est utile qu'en cas de carence, avec l'approbation d'un médecin.

Le calcium en comprimés n'est utile qu'en cas de carence, avec l'approbation d'un médecin. - iStock

Pour renforcer la santé des os, et notamment éviter le risque d'ostéoporose, de nombreuses personnes se tournent vers une supplémentation en calcium. Mais des chercheurs précisent qu'elle n'est pas sans risque pour la santé cardiaque.

C'est devenu un réflexe courant que de se tourner vers des compléments alimentaires pour surmonter un coup de fatigue ou se remettre plus rapidement d'une maladie.

Pourtant, ce geste est loin d'être anodin et pourrait même s'avérer dangereux en ce qui concerne la supplémentation en calcium. Des chercheurs de la Johns Hopkins University affirment en effet dans une récente étude qu'une prise de calcium sous cette forme est dangereuse pour la santé cardiovasculaire. Mais paradoxalement, une alimentation naturellement riche en aliments qui en contiennent est bénéfique.

"Quand il s'agit d'utiliser des suppléments de vitamines et de minéraux, en particulier des suppléments de calcium pour la santé des os, de nombreuses personnes pensent que le plus est toujours le mieux, souligne le Dr Erin Michos, principal auteur de l'étude. Mais nos travaux affirment que l'excès de calcium sous cette forme peut nuire au système cardiaque et vasculaire".

Le calcium s'accumule dans les artères

Les scientifiques se sont intéressés à ce risque car il est connu que chez les personnes âgées, une plaque à base de calcium peut s'accumuler dans l'aorte et d'autres artères et augmenter le risque de crise cardiaque. Ils ont examiné les informations détaillées de 6000 personnes âgées entre 45 ans et 84 ans. Tous les participants ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires pour déterminer la quantité de calcium ingérée (produits laitiers, légumes à feuilles...).

Par ailleurs, les scientifiques ont réalisé un inventaire de tous les médicaments et suppléments de chaque participant et leur ont fait passer deux scanners à dix ans d'intervalle. Le but de l'examen était de mesurer le score de calcium dans leurs artères, un score supérieur à zéro indiquant un risque de maladie cardiaque. Les chercheurs ont ensuite établi une comparaison entre ceux pour qui le calcium était de source alimentaire et ceux qui utilisaient des compléments (46% de la population de l'étude).

Après un ajustement des facteurs de risque (tabagisme, poids, alcool, pression artérielle, antécédents médicaux) les chercheurs ont constaté que les adeptes de suppléments présentaient un risque 22% plus élevé d'augmentation de l'accumulation de calcium dans leurs artères coronaires au cours de la décennie. Des résultats qui s'ajoutent aux préoccupations croissantes de médecins sur les méfaits potentiels des suppléments alimentaires.

Privilégier une supplémentation par l'alimentation

"Il y a clairement quelque chose de différent dans la façon dont le corps utilise et répond à la supplémentation en calcium par rapport à l'apport alimentaire qui la rend plus risquée, souligne les chercheurs. Il se pourrait que les suppléments contiennent des sels de calcium ou que le corps ne parvienne pas à assimiler une dose importante en une seule fois".

En effet, les participants avec le plus grand apport naturel de calcium, via l'alimentation, avec plus de 1022 milligrammes par jour, n'ont présenté aucun risque de développer une maladie cardiaque au cours de la période d'étude. Sur la base de ces éléments, les chercheurs invitent les patients à privilégier un régime alimentaire sain plutôt que des suppléments. Si c'est le cas, il est important d'en parler avec un médecin pour établir une dose appropriée.

C'est notamment le cas pour les femmes de plus de 60 ans, qui sont nombreuses à se tourner vers ce type de supplémentation sans surveillance médicale pour éviter selon elle le risque d'ostéoporose. Sur ce sujet, la Haute Autorité de Santé précise "qu'avant tout traitement spécifique, on procèdera à la correction d’une éventuelle carence en vitamine D et/ou d’une carence calcique".

Mais cette dernière se fait en premier lieu "par ajustement des apports alimentaires". Le ministère de la Santé précise quant à lui que "les apports recommandés se situent actuellement à 1,2 g de calcium/jour pour tous les sujets âgés". En cas de supplémentation médicamenteuse, celle-ci "devra être prescrite par le médecin après recherche de mesures hygiéno-diététiques correctives et élimination des rares contre indications". 

Alexandra Bresson