Faut-il dépister l'alcoolémie des chirurgiens avant chaque opération?

Lucien Degauchy, un député UMP, a déposé une proposition de loi mercredi dans laquelle il souhaite rendre obligatoire le dépistage d'alcoolémie pour les médecins et les infirmières avant chaque intervention chirurgicale. Une réaction au drame  qui s'est déroulé à la maternité d'Orthez. Explications.

Les équipes médicales vont-elles être obligées de souffler dans le ballon avant de jouer du scalpel? C'est en tout cas l'idée du député UMP Lucien Degauchy, qui a soumis mercredi une proposition de loi à l'Assemblée nationale visant à rendre obligatoire le dépistage de l'alcoolémie pour les médecins et infirmières avant toute opération chirurgicale.

Pour justifier une telle proposition, l'élu s'est appuyé sur le drame qui s'est déroulé à la maternité d'Orthez, le 26 septembre 2014. Une jeune femme de 28 ans, qui était en train d'accoucher par césarienne, a perdu la vie à la suite d'un accident d'anesthésie. Quelques jours plus tard, une médecin belge de 45 ans sera arrêtée, mise en examen pour "homicide involontaire" puis écrouée pendant près de deux mois: il s'avérera qu'elle était ivre le soir où elle s'est occupée de la jeune patiente.

Un arsenal juridique limité?

"Récemment une erreur médicale, due à l’état d’ébriété d’une anesthésiste, a causé la mort d’une patiente venue accoucher par césarienne", rappelle ainsi le député Degauchy l'exposé des motifs de sa proposition de loi. "D’autres cas d’erreurs médicales liées à l’abus d’alcool ont déjà été révélés ces dernières années, et même si ces faits divers dramatiques restent peu nombreux, ils nous montrent les limites de notre arsenal juridique", estime-t-il.

Rappelant qu'un acte chirurgical n'est pas quelque chose "d'anodin", Lucien Degauchy poursuit: "les impératifs de sécurité impliquent pour les membres de l’équipe médicale d’être totalement aptes à accomplir leur tâche et le comportement ébrieux d’un seul d’entre eux est totalement inadmissible, empêchant de plus la cohésion opérationnelle, car les autres membres de l’équipe médicale sont totalement démunis face à un tel comportement."

Ainsi, le député de la 5e circonscription de l'Oise veut, dans son 1er article de loi, que "les chirurgiens, anesthésistes et infirmiers" aient "l’obligation de se soumettre à un test d’alcoolémie avant toute intervention chirurgicale". Dans le cas où ce dernier se révélerait être positif, le 2e article prévoit qu'il soit tout simplement interdit à la personne contrôlée de participer à l'opération.

Jé. M.