BFMTV
Santé

Faut-il craindre une arrivée du virus Zika en France métropolitaine?

Le moustique-tigre peut transmettre la dengue, le chikungunya, mais également le virus Zika.

Le moustique-tigre peut transmettre la dengue, le chikungunya, mais également le virus Zika. - Nelson Almeida - AFP

En Amérique latine, l'épidémie de virus Zika, transmis par le moustique-tigre, suscite une véritable psychose. Au point même que certains pays demandent à leurs habitants d'éviter "la grossesse", d'autres, comme la France, recommandant à leurs ressortissantes enceintes de ne pas se rendre dans les zones jugées risquées. Tout ce qu'il faut savoir.

Les chiffres ont de quoi faire peur. En Amérique latine et dans les Caraïbes, l'épidémie du virus Zika n'a de cesse de s'étendre: après le Brésil, pays le plus touché, et la Colombie, qui a demandé à ses couples "d'éviter les grossesses", trois premiers cas on été détectés en Floride, aux Etats-Unis. De son côté, la France n'est pas épargnée. 

Mais quelle menace représente réellement ce virus, proche de la dengue et du chikungunya? Et peut-il arriver jusqu'à la métropole? Réponses avec l'entomologiste Anna-Bella Failloux, de l'Institut Pasteur.

La "Zika", c'est quoi?

C'est un virus souvent comparé à celui de la dengue, ou du chikungunya, pour la simple et bonne raison qu'il s'attrape de la même façon, par la piqûre d'un insecte. Et pas n'importe lequel: le coupable est en effet célèbre, puisqu'il s'agit de l'Aedes aegypti, plus connu sous le nom de moustique-tigre.

"Ce moustique est capable de transmettre les trois virus", explique Anna-Bella Failloux à BFMTV.com. "Dès qu'elle attrape le Zika, la femelle de l'Aedes aegypti va être infectée toute sa vie. Au rythme d'une piqûre sur un être humain tous les cinq jours, elle assure la multiplication du virus", ajoute l'experte de l'Institut Pasteur.

Preuve de sa force de propagation, le gouvernement colombien table sur 600.000 cas de contamination pour l'année 2016. 

Des symptômes bénins...

Concernant les symptômes, le virus Zika a beaucoup de choses en commun avec ses deux homologues: fatigue, poussée de fièvre, éruptions cutanées, maux de tête... Pour les personnes les plus sensibles, "c'est comme attraper une petite grippe", résume l'entomologiste.

  • Problème: "Tout le monde n'est pas égal face au virus". Une grande partie des gens, environ 80%, peuvent être infectés "de manière asymptomatique". En d'autres termes, l'infection passe inaperçue. S'ils ne sont donc pas malades, il restent porteurs du Zika, autrement dit susceptibles d'être à leur tour piqués par de nouveaux moustiques, qui retransmettront ensuite le virus.

...mais attention aux femmes enceintes

Jugé "très rarement mortel", le Zika suscite tout de même des craintes, en particulier pour les femmes enceintes. Infectée au cours des deux premiers trimestres, la future maman risque de voir le foetus de son enfant touché par des complications, pour ensuite donner naissance à un nouveau-né atteint de microcéphalie.

Le bébé subira alors de graves séquelles neurologiques. Certaines peuvent être fatales, d'autres peuvent entraîner des débilités profondes. Sur 106 naissances de ce type au Brésil, 30 ont présenté ce genre de séquelles en 2015. De quoi conduire plusieurs pays à conseiller d'éviter les "grossesses", un fait inédit. D'autres, comme les Etats-Unis, déconseillent aux femmes enceintes de voyager dans les zones jugées à risque.

C'est également le cas de la France qui, depuis ce vendredi 22 janvier, recommande aux femmes concernées de ne pas se rendre dans les pays touchés:

Que faire en cas de piqûre?

Il n'existe pour l'heure aucun traitement ni vaccin pour lutter contre le Zika, de simples analgésiques permettront d'atténuer les effets de la maladie. Pour les femmes enceintes, seule une échographie réalisée le plus tôt possible peut permettre de mettre en avant une anomalie, pour ensuite envisager un avortement thérapeutique.

  • Pour ces dernières situées dans les zones à risque, il est conseillé d'éviter de sortir en début et fin de journée, quand les moustiques sont les plus actifs, et de s'équiper de répulsifs à insectes. Le port de vêtements larges, pour cacher au maximum les zones de piqûres, est également recommandé. Dormir sous une moustiquaire apparaît également comme impératif.

Et en France?

En France, la situation est surveillée de très près, sur plusieurs fronts: le virus est solidement implanté en Guyane, mitoyenne du Brésil, ainsi qu'en Martinique. Des cas autochtones ont récemment été détectés en Guadeloupe, ainsi qu'à Saint-Martin. De l'autre côté du globe, à Tahiti, une sévère épidémie avait été subie en 2014.

"Près d'un tiers de la population avait été atteint", se remémore l'entomologiste Anne-Bella Failloux.

En France métropolitaine, aucun cas n'a jamais été recensé. Mais le risque existe: la version "tempérée" du moustique-tigre, nommé scientifiquement l'Aedes albopictus, étant désormais solidement installé dans le Sud de la France. Des tests sont actuellement en train d'être réalisés pour s'assurer que l'insecte est bien capable de transmettre le virus en question, ce qui est fortement soupçonné par les scientifiques.

  • Il suffirait alors qu'un seul cas asymptomatique se fasse piquer par le moustique-tigre en France, pour que le virus se développe de manière autochtone sur la métropole. Ce qui s'est déjà produit dans le passé pour la dengue et le chikungunya.
https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV