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Santé

Explosion, combustion...la cigarette électronique est-elle dangereuse?

La cigarette électronique désigne un dispositif électrique destiné à inspirer de la vapeur obtenue par l’échauffement d’une solution liquide présente dans le flacon.

La cigarette électronique désigne un dispositif électrique destiné à inspirer de la vapeur obtenue par l’échauffement d’une solution liquide présente dans le flacon. - iStock - Goodluz

La cigarette électronique est loin d'être un produit anodin, estiment des chercheurs américains qui alertent sur l’augmentation du nombre de cas d’explosion ou de combustion de ces appareils qui peuvent causer de très graves blessures.

On la dit dangereuse: est-elle plus ou moins nocive que le tabac? Ne peut-elle pas être un premier pas vers le tabac pour les jeunes? Voilà désormais que la cigarette électronique menace de vous exploser au visage ou de prendre au fond de la poche. Pour simple, l'intégrité physique du vapoteur est mise à mal. C'est ce qu'affirment des chercheurs de l'University of Washington Medical Center (Seattle), dans un rapport qui évoque l’augmentation du nombre de cas d’explosion ou de combustion dans la main ou la poche des utilisateurs. 

La plupart des e-cigarettes partagent le même type de composants: un atomiseur, une batterie presque exclusivement de technologie lithium-ion et un réservoir qui contient du e-liquide.

C'est au niveau de la batterie que peut se produire un emballement thermique, "de sorte que sa surchauffe provoque une explosion", précise les chercheurs. Ces derniers ont recensé 15 patients blessés pour cette raison dans leur centre, entre octobre 2015 et juin 2016. A travers tous les Etats-Unis, ce n'est pas moins de 25 incidents de ce genre relatés dans les médias à partir de 2009.

Des brûlures qui occasionnent de graves traumatismes

Les explosions de e-cigarettes observées chez ces patients entraînent des brûlures par flamme (80% des cas), des brûlures chimiques (33% des cas) et des blessures de souffle (27%). Les utilisateurs se présentent le plus souvent avec des blessures à la cuisse ou à l'aine, aux mains, et au visage.

"Des blessures qui ont des implications importantes au niveau esthétique et fonctionnel", précisent les chercheurs.

Les traumatismes les plus graves ont conduit à la perte de dents, à une marque traumatique ou à une perte importante de tissus mous qui a nécessité une opération. Ainsi, les cigarettes électroniques qui prennent feu provoquent le plus souvent des brûlures importantes qui nécessitent des greffes cutanées et celles qui explosent et libèrent le produit liquide causent d'importantes brûlures chimiques qui requièrent des soins intensifs.

"En raison de l'utilisation croissante des cigarettes électroniques, de nombreux hôpitaux vont voir une augmentation de ces blessures. Ces patients ont besoin de soins multidisciplinaires complexes, impliquant des médecins d'urgence, des chirurgiens plasticiens et des psychologues", soulignent les chercheurs.

Des normes mises en place en France

Outre un enjeu de santé publique, ces derniers évoquent même un problème de sécurité publique, puisque ces explosions sont de moins en moins isolées. Ils appellent à une meilleure réglementation et à des modifications de conception pour améliorer la sécurité. Car même si la Food and Drug Administration (FDA) a fait des progrès dans la réglementation des produits du tabac, "les perspectives de la régulation de la batterie restent peu claires", concluent les chercheurs.

En attendant, les utilisateurs d'e-cigarettes et les fournisseurs de soins de santé doivent être conscient de ce risque. En France, le dernier cas de ce genre remonte à fin septembre avec un Toulousain gravement blessé aux mains, brûlées au deuxième degré, en raison de l'explosion de sa e-cigarette alors qu'il conduisait. Cette dernière a "transpercé la poche de son pantalon, avant de partir comme une fusée et de mettre le feu à l’arrière de son véhicule", relate France Bleu Toulouse.

Le risque est cependant mieux pris en compte puisque l'Association française de normalisation (AFNOR) a publié deux normes, l'une concernant la e-cigarette et l'autre le e-liquide, le 2 avril 2015. Elles ne sont pas obligatoires, mais permettent "de définir collectivement des critères de sécurité, de qualité et favoriser une meilleure information des consommateurs". Pour éviter le risque de surchauffe de la batterie, la norme prévoit que les appareils soient munis d’un système qui bloque la vaporisation au bout de dix secondes.

Alexandra Bresson