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Santé

Erreurs médicamenteuses: une initiative mondiale pour les réduire de moitié

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Chacun dans le monde est amené à un moment ou à un autre à prendre des médicaments à titre préventif ou thérapeutique. Mais il arrive que les traitements aient des effets nocifs graves s’ils ne sont pas pris correctement ou s'ils sont mal contrôlés, et c'est contre ce phénomène que l'OMS a inauguré un nouveau "défi mondial".

Selon le ministère de la Santé, une erreur médicamenteuse est une "erreur non intentionnelle d’un professionnel de santé, d’un patient ou d’un tiers, selon le cas, survenue au cours du processus de soin impliquant un médicament ou un produit de santé, notamment lors de la prescription, de la dispensation ou de l’administration."

Le Vidal précise quant à lui que "l'erreur peut résulter d'une mauvaise conception du médicament et de l'information qui lui est relative (conditionnement inadapté, problème d'étiquetage) ou dans l'organisation systémique du processus de prise en charge thérapeutique du patient (facteurs humains, facteurs environnementaux, pratiques professionnelles, etc)."

La France n'est pas à l'abri, c'est pourquoi les professionnels de santé comme les usagers peuvent signaler en quelques clics aux autorités sanitaires tout événement indésirable sur le site signalement-sante.gouv.fr. Mais c'est une véritable initiative mondiale que souhaite lancer l'Organisation Mondiale de la Santé pour réduire de 50% les effets graves évitables de ces erreurs de médication au cours des cinq prochaines années. 

Celle-ci porte le nom de "défi mondial pour la sécurité des patients" et vise à définir des moyens d’améliorer la façon dont les médicaments sont prescrits, distribués et consommés et à sensibiliser les patients aux risques que présente leur mauvais usage.

Le bon médicament, à la bonne dose, au bon moment

"Rien qu’aux États-Unis d’Amérique, les erreurs médicamenteuses font au moins un mort par jour et causent des lésions chez 1,3 million de personnes chaque année, précise l'Organisation. La fréquence des manifestations indésirables dues à des erreurs de médication est, selon les estimations, à peu près la même dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que dans les pays à revenu élevé".

"Quand on prend des médicaments, on s’attend tous à ce qu’ils nous fassent du bien, pas du mal, a déclaré le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS. Hormis leur coût humain, les erreurs médicamenteuses grèvent considérablement et inutilement les budgets de la santé." L'OMS estime en effet le coût annuel des erreurs médicamenteuses dans le monde à 42 milliards de dollars (US $), ce qui représente près de 1% de l’ensemble des dépenses de santé au niveau mondial.

Soignants et patients peuvent les uns comme les autres faire des erreurs médicamenteuses qui ont des conséquences graves, mais l'institution part du principe qu'elles sont toutes potentiellement évitables. Pour y remédier, de même que les conséquences préjudiciables qui en résultent, la priorité consiste à mettre en place des systèmes et des procédures pour que le bon patient reçoive le bon médicament à la dose qui convient, par la voie qui convient, au bon moment.

Mettre l'accent sur les soins

Les experts ont déjà identifié les facteurs qui peuvent le plus influer cette mauvaise habitude: la fatigue du personnel soignant, l’engorgement des services, le manque de personnel, le manque de formation et le fait que les patients ont été mal informés.

"La plupart des erreurs médicamenteuses résultent de failles dans l’organisation et la coordination des soins, surtout lorsque les soignants sont nombreux à intervenir dans la prise en charge d’un patient. Une culture institutionnelle fondée sur le respect systématique des bonnes pratiques et l’absence de réprobation quand des erreurs sont commises offre les meilleures conditions pour sécuriser les soins", expliquent-ils.

Les mesures prévues par ce "défi mondial" s’articuleront autour de 4 axes: patients et public, professionnels de la santé, médicaments en tant que produits, systèmes et pratiques de médication. Avec pour objectif d'améliorer le processus de médication à tous les stades: prescription, distribution, administration et utilisation des médicaments.

Pour ce faire, l’OMS appelle "les pays à prendre des mesures sur des aspects essentiels du problème", à savoir les médicaments présentant un risque élevé d’effets préjudiciables s’ils sont mal utilisés, les patients prenant plusieurs médicaments contre différentes maladies et les patients en phase de transition thérapeutique. "J’ai parlé à beaucoup de personnes qui avaient perdu une personne proche à la suite d’une erreur médicamenteuse", ajoute dans un communiqué Sir Liam Donaldson, envoyé spécial de l’OMS pour la sécurité des patients.

Ce dernier ajoute: "Leur témoignage, leur dignité calme et leur acceptation de situations qui n’auraient jamais dû se présenter m’ont profondément ému. C’est à la mémoire de tous ceux qui sont morts d’incidents liés à la sécurité des soins que ce défi mondial doit être dédié." Ce défi mondial est le troisième de l’OMS pour la sécurité des patients. Il a été précédé des défis "À bonne hygiène, bons soins" sur l’hygiène des mains en 2005 et "Une chirurgie plus sûre pour épargner des vies" en 2008.

Alexandra Bresson