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Santé

Elle porte plainte contre l'hôpital après avoir accouché seule

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Une habitante du Tarn-et-Garonne porte plainte contre l'hôpital de Montauban. Enceinte de 6 mois, avec des complications, Sophie, «abandonnée» dans la salle d'accouchement, a accouché seule, d'un enfant qui n'a pas survécu.

En arrivant ce lundi après-midi avec son époux à l'hôpital de Montauban (Tarn-et-Garonne), Sophie, 22 ans, sait que sa situation n'est pas bonne. Mais elle est loin de se douter du drame personnel qu'elle va vivre.
Enceinte de 6 mois, prise de terribles douleurs, de contractions et sujette à de fortes pertes de sang, Sophie a immédiatement appelé une ambulance pour être amenée aux urgences. Sur place, la sage-femme qui l'ausculte entend le cœur du fœtus. Mais un peu plus tard, on annonce à la jeune femme que son enfant a très peu de chances de naître vivant.

« Pendant 20 minutes, j'ai appelé des médecins »

Après avoir perdu les eaux, Sophie est amenée en salle d'accouchement. Mais au bout d'un moment, elle réalise qu'elle est seule. « Pendant 20 minutes, je suis restée toute seule. J'ai appelé des médecins. Mais personne n'est venu », témoigne la jeune femme sur RMC. Sentant que son bébé arrive, elle crie. En vain. La sonnette d'alarme ? « Trop loin de mon lit pour que je puisse appuyer dessus. Et j’entendais dans les salles à côté que d’autres femmes étaient en train d’accoucher », dit-elle. C'est finalement toute seule qu'elle va faire le travail et accoucher d'une petite fille sans vie, vulgairement allongée, sans même des étriers pour l'aider.

« On m'a dit que je n'étais pas arrivée au bon moment »

« Même après mon accouchement, j'ai continué à crier pour avoir quelqu'un », poursuit-elle. « Puis une infirmière est rentrée, probablement pour prendre quelque chose, je n'ai pas fait attention. C'est là qu'elle s'est aperçue que j'avais accouché et qu'elle est partie chercher un médecin. On s'est enfin occupé de moi tout en s'excusant. Il m'a dit que je n'étais pas arrivée au bon moment...», ajoute Sophie, dépitée.
La phrase de trop, pour son mari Yoan: « Le médecin a dit qu'on avait qu'à faire un autre bébé, qu'on était jeunes. Alors que moi je l'ai attendu 6 mois, on a acheté une maison. Ça a été une grossesse difficile, on l'avait attendue deux ans. La dureté de la situation, on l'aurait encaissée s'ils avaient été dans la pièce avec elle pour faire leur travail. Au moins juste une infirmière ».

« Les effectifs étaient conformes à la règlementation en vigueur »

Pour le couple, en dehors de la souffrance d'avoir perdu un enfant, c'est avant tout le « manque d'humanité dans un moment difficile » qui est reproché au personnel hospitalier. Jointe par RMC, la direction de l'établissement se défend. « Les effectifs présents ce jour-là étaient conformes à la règlementation en vigueur », explique la directrice adjointe de l'hôpital. Soit 4 gynécologues obstétriciens et 4 sages-femmes. « On ne peut pas gérer des situations extraordinaires avec des moyens ordinaires », poursuit pour sa part Yannick Petitout, délégué CGT, expliquant qu'en période de forte activité, le personnel est obligé de s'occuper des cas qu'il estime prioritaires. Celui de Sophie n'en faisait manifestement pas partie, ce qu'elle et son époux ne sont pas près de digérer. Le couple porte plainte pour « blessures involontaires ».

La Rédaction et J.W Forquès