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Drogue : le reportage qui fait polémique

La police aurait précipité son intervention avant la diffusion de ce reportage

La police aurait précipité son intervention avant la diffusion de ce reportage - -

Diffusé lundi soir sur TF1, un reportage sur un trafic de cocaïne à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), fait scandale, notamment du côté de la police. La chaîne revendique son indépendance.

Polémique, deux jours après la diffusion sur TF1 de "Mon voisin est un dealer", un reportage sur la drogue dans une cité de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis. Quelques heures avant la diffusion du reportage lundi soir, dans le nouveau magazine d’Emmanuel Chain, Haute définition, la police a mené une opération anti-drogue dans cette cité. Près d'un million d'euros en liquide ont été saisis. Quatre personnes sont toujours en garde à vue. Le reportage aurait donc précipité l'intervention des forces de l'ordre.

« Un reportage fait en toute indépendance »

Le maire de Tremblay, François Asensi, dénonce une « émission racoleuse » et s'interroge sur « les conditions de ce reportage et les contreparties qu'a pu offrir TF1 aux trafiquants interviewés ». Des « accusations très graves, estime Myriam Alma, la journaliste qui a réalisé ce reportage, et totalement gratuites, qui mettent en cause ma probité, celle des équipes d’Eléphant et compagnie [ndlr, la société productrice de l’émission] », poursuit la journaliste, bien décidée à défendre son « indépendance » : « Bien évidemment, assure-t-elle, il n’y a eu aucune contrepartie financière, aucun deal, aucune contrepartie quelle qu’elle soit, avec les personnes que nous avons interviewées. Elles l’ont fait en toute connaissance de cause. Elles savaient que c’était un reportage qui allait passer sur TF1. Elles savaient ce qu’elles risquaient. On l’a fait en toute indépendance et en toute honnêteté, en interrogeant des dealers, mais aussi des habitants et ceux qui travaillent sur place. »

« Ça a gêné le travail de la police »

Par ailleurs, certains syndicats de policiers estiment que ce reportage a gêné le travail de la police sur place : ça les aurait obligés à anticiper leur coup de filet lundi matin, pour intervenir avant la diffusion, comme l’explique Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat de policiers Alliance : « Bien sûr que cette enquête journalistique, même si ce n’est pas voulu – je n’en sais rien –, a pu gêner le travail de mes collègues, parce qu’ils ont dû anticiper les interpellations et les perquisitions. On peut bien imaginer que derrière [la diffusion de] ce reportage, on aurait pu avoir les faits de preuves – à savoir la cocaïne et l’argent –, qui disparaissaient. L’enquête aurait alors été complètement anéantie. »

« C’est notre travail, de déranger ! »

Des accusations dont Myriam Alma se défend aussi : « Je ne vois pas du tout en quoi mon reportage a pu gêner le travail de la police. On ne les a pas du tout empêchés de faire leur enquête. Chacun fait son travail et on n’a pas non plus à demander l’autorisation de la police pour effectuer nos enquêtes. C’est trois mois d’enquête, une réalité qui montre qu’il y a aujourd’hui un trafic dans six cages d’escaliers, qui dure parfois depuis des années. Et je crois que c’est ça qui dérange : certains n’ont pas forcément envie de voir la réalité en face. Mais c’est sans doute notre travail à nous, de déranger. »

La Rédaction, avec Yann Abback