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Santé

Drogue et alcool chez les jeunes : Peillon veut une initiative nationale

Pour le ministre de l'Education, Vincent Peillon, les collégiens français « boivent plus  et se droguent plus que dans tous les autres pays.

Pour le ministre de l'Education, Vincent Peillon, les collégiens français « boivent plus et se droguent plus que dans tous les autres pays. - -

Le ministre de l'Education, Vincent Peillon, a annoncé dimanche vouloir lancer une grande initiative nationale pour lutter contre la consommation de drogue et d'alcool chez les collégiens. Selon lui, les collégiens français « boivent plus et se droguent plus que dans les autres pays ».

Les collégiens français, « recordmen » dans la consommation de drogue et d'alcool. C’est le constat dressé par le ministre de l’Education, Vincent Peillon, qui a annoncé dimanche vouloir lancer une grande initiative nationale pour lutter contre ces « fléaux » chez les collégiens. « Je suis responsable de 12 millions d'enfants à l'Education nationale (...) Ils boivent plus que dans tous les autres pays, ils se droguent plus », a déclaré dimanche sur Canal+ le ministre. Le problème, c’est que « dès qu'on dit qu'on veut améliorer les choses, on a des adultes égoïstes qui ne veulent pas s'attacher comme il faut à la prévention », a ajouté Vincent Peillon, sans plus de précisions.

« Tout le monde fait ça »

Des dépravés nos collégiens ? Enzo, collégien de 13 ans, en classe de 4e dans un collège parisien, reconnaît qu’il fume du cannabis : « J'ai essayé une fois à une fête, avec des jeunes de mon âge. Il y a en a plusieurs qui m'ont proposé de tester, et j'ai testé. C'est bizarre, la première impression fait peur, et après on ne réfléchit plus. Moi ça ne me choque pas parce que tout le monde fait ça. Je sais que c'est dangereux parce qu'il y a pleins d'affiches partout (dans le collège), mais les profs n'en parlent pas forcément ».

« De la vodka, du rhum et du whisky pour passer un bon moment »

Son truc, à Kévin, 14 ans, c’est l’alcool. Il dit boire « une à deux fois par mois, en soirée avec les potes. Avec de l'alcool fort : de la vodka, du rhum et du whisky. C'est pour passer un bon moment et rigoler », explique-t-il. A-t-il pour conscience des dangers de l’alcool ? « On a eu des sensibilisations sur ça (au collège). Ils nous disent "l'alcool, ça détruit la vie". Moi je n'écoute pas vraiment, parce qu'ils parlent pour rien, ils nous disent des trucs qu'on connaît déjà ».

« Pas inquiets de voir leurs enfants ivres morts tous les samedis soir »

Ce sont donc les parents qui détiennent les clés pour lutter contre ces fléaux, notamment l’alcoolisme. Pour Philippe Batel, alcoologue et chef du service d'addictologie à l'hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), « il ne faut pas seulement changer les comportements chez les adolescents, mais chez leurs parents avec une vigilance beaucoup plus accrue de leur part. Or, on voit que les parents qui nous amènent leurs enfants en service d'addictologie sont toujours très inquiets de les voir un peu excités avec de la cocaïne ou bien un peu planants avec du cannabis, alors qu’en revanche, que leurs enfants rentrent tous les samedis soir ivres morts ne les inquiètent absolument pas. Il faut que les parents comprennent que la façon dont on s'alcoolisait il y a vingt ans à l'adolescence n'est absolument pas celle des adolescents d'aujourd'hui. Il y a à changer la représentation qu'on a, avec l'alcool en particulier ».

Philippe Gril avec Jean-Baptiste Durand