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Santé

Don de sperme: ce que change le projet de loi bioéthique

Le projet de loi bioéthique, qui arrive ce mardi à l'Assemblée nationale va bouleverser notamment le don de sperme. Les spécialistes vont devoir gérer une période transitoire, avec probablement moins de donneurs et plus de demandes.

Ils sont en première ligne de la révision de loi bioéthique. Les CECOS, centres qui régissent en France la gestion des dons de gamètes -ovocytes ou spermatozoïdes- depuis 1973 suivent de près les évolutions prévues par le gouvernement. Notamment sur le don de sperme.

Premier changement: l’article 3 du projet de loi prévoit "un accès aux origines" pour l’enfant né d’un don. Concrètement, pour donner, un homme devra désormais obligatoirement accepter que l'enfant puisse connaître –s’il le souhaite- à sa majorité son âge, ses antécédents médicaux, sa situation familiale et surtout son identité.

"30% déclarent qu’ils refuseront de donner"

"Le nombre de donneurs va diminuer dans un premier temps", explique le docteur Véronique Drouineaud, coresponsable du secteur CECOS à l’hôpital Cochin (AP-HP). "On vient de faire une enquête auprès des donneurs : en cas de levée de l’anonymat, 30% déclarent qu’ils refuseront de donner leur sperme. Il faut donc s’attendre à une diminution transitoire", poursuit-elle.

Pour autant, cette spécialiste mise sur une diminution uniquement transitoire. "Après nous aurons certainement de nouveaux donneurs, avec un autre profil, qui vont se présenter et cela va s’équilibrer".

"J’aurais préféré rester anonyme"

A 26 ans, Julien fait partie des 400 hommes qui ont donné leurs spermatozoïdes l’an dernier en France. Il assure que la levée de l’anonymat ne l’aurait pas fait reculer: "C’est sûr que cela engage plus. Avec mes problématiques de donneur, j’aurais préféré pouvoir rester anonyme, pouvoir continuer à m’effacer au profit des parents. Mais cela ne m’aurait pas dissuadé de ma démarche", nous confie ce psychologue parisien.

"La demande multipliée par 2,5 voire 3"

Autre bouleversement prévu, l’augmentation de la demande, avec l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. Chaque année, près de 2000 couples font une tentative de PMA avec un don de sperme. Avec la nouvelle loi, les listes d’attente risquent de s’allonger:

"On estime que la demande va être multipliée par 2,5 voire 3 d’après les estimations faites auprès des centres étrangers qui prennent en charge des couples de femmes ou des femmes seules d’origine française", nous explique Catherine Patrat, chef de service biologie de la reproduction et du CECOS de l’hôpital Cochin (AP-HP).

Pour compenser cette augmentation des demandes, les spécialistes misent notamment sur la générosité des proches des nouvelles candidates :

"Le principal mode de recrutement des donneurs et des donneuses est soit la sensibilisation par un autre couple, soit par les médias", précise le professeur Patrat. "Il faut donc que cette période transitoire s’accompagne de campagnes d’information pour sensibiliser encore davantage le grand public", estime-t-elle. 

Margaux de Frouville