BFMTV
Santé

Diabète: en finir avec les discriminations professionnelles

La France compte 4 millions de personnes diabétiques.

La France compte 4 millions de personnes diabétiques. - iStock

La Fédération française des diabétiques a lancé une pétition pour que les personnes diabétiques puissent avoir accès au métier de leur choix. Le but: faire évoluer des textes réglementaires devenus obsolètes, qui ne sont plus adaptés aux réalités des métiers et aux moyens actuels de prise en charge de cette maladie.

Le diabète est un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres apportés par l’alimentation. Cela se traduit par un taux de glucose dans le sang (glycémie) élevé: on parle d’hyperglycémie. Si aujourd'hui, il s'agit d'une maladie qui se soigne très bien grâce aux progrès thérapeutiques, il n'est pas possible d'en guérir.

D'après la Fédération française des diabétiques (FFD), quatre millions de personnes en France sont diabétiques. Et selon cette dernière, les malades peuvent encore faire l'objet de discriminations sur le plan professionnel malgré cette évolution. Etre atteint de diabète signifie en effet que l'accès à certaines professions est limité voire interdit.

En cause: une méconnaissance de la maladie par les employeurs, mais aussi et surtout une législation datant de plusieurs décennies, "totalement déconnectée des progrès thérapeutiques et des conditions actuelles de travail.", indique la FFD. Cette dernière, ainsi que l'Aide aux Jeunes Diabétiques (AJD) a lancé une campagne de lutte contre "ces réglementations discriminantes d'accès au travail" et invite à signer une pétition pour que chacun puisse choisir le métier de ses rêves avec son diabète.

Quelles sont les professions interdites aux diabétiques?

Une personne diabétique ne peut pas accéder au poste de marin, policier, pilote, hôtesse de l'air, contrôleur de la SNCF, pompier... Injuste pour les associations de patients et les médecins. "Ils ne prennent en compte ni les progrès qui ont été faits dans la prise en charge du diabète, ni l’évolution de certaines professions et l’amélioration des conditions de travail", déplore Daniel Vandevoir, médecin du travail à Caen.

Certes, le diabète est une maladie chronique. Mais dans les deux cas de diabète (de type 1 ou de type 2) les traitements permettent aux patients de vivre en bonne santé et de réduire les complications liées à la maladie. Sans compter les outils de contrôle (auto-surveillance glycémique) qui permettent de s’auto- surveiller de façon plus précise et efficace qu’avant.

"Le risque d’hypoglycémie et de complications en général peut de ce fait être mieux maîtrisé. Grâce aux progrès faits en diabétologie, la personne diabétique est capable de tenir la plupart des emplois", constate le Professeur Gérard Lasfargues, diabétologue.

Imposer un nouveau cadre d’évaluation

Or, ces freins à la formation et à la vie professionnelle que sont cette réglementation et la méconnaissance de la maladie constituent des obstacles à leur épanouissement social. "Le diabète est une maladie chronique, pas un handicap, insiste le Dr Marc de Kerdanet, pédiatre diabétologue et président de l'AJD. Il ne faut pas ajouter à cette injustice de la vie une injustice sociétale." 

En cette période préélectorale, les associations de patients demandent donc aux candidats à la Présidence de s’engager à actualiser cette réglementation trop restrictive. Selon Gérard Raymond, président de la FFD, chaque cas devrait être étudié par une commission transparente regroupant l’ensemble des acteurs: professionnels, médecins, associations de patients, experts scientifiques.

Chaque aptitude serait ainsi évaluée au cas pour cas selon plusieurs critères: les données sur le travail, les éléments sur la maladie (déséquilibres glycémiques, complications limitant l’autonomie) les ressources individuelles (cognitives, culturelles) et les conditions de vie, qui déterminent les capacités des patients à gérer leur activité de travail et leur parcours professionnel.

"Chaque diabète est particulier"

"C’est bien une affaire de pluridisciplinarité entre les acteurs du soin, ceux de la santé au travail et les patients eux-mêmes", précise le Professeur Gérard Lasfargues.

"Il ne devrait plus y avoir de professions interdites a priori, ajoute Gérard Raymond. Bien sûr, certaines seront plus difficilement accessibles, mais chaque histoire et chaque diabète sont particuliers, on ne peut pas généraliser."

Outre l'actualisation de la réglementation et l'évaluation au cas pour cas des personnes diabétiques, les associations de patients demandent aux candidats de s'engager à créer un groupe interministériel qui réévaluera au moins une fois par an la liste des professions interdites et à inscrire ces engagements dans leur programme.

Alexandra Bresson