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Deux chercheurs français percent le mystère de la dyslexie

Un enfant lors du Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil en 2014

Un enfant lors du Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil en 2014 - Stéphane de Sakutin-AFP

Deux chercheurs de l'Université de Rennes ont découvert l'origine de la dyslexie. Ce trouble de la lecture aurait une cause physique et s'expliquerait par une anomalie de récepteurs des yeux.

Les yeux seraient responsables de la dyslexie. Deux chercheurs français de l'Université de Rennes 1 pensent avoir trouvé une cause anatomique potentielle de la dyslexie. Cette dernière serait cachée dans de minuscules récepteurs se trouvant dans les yeux de ceux qui sont touchés par ce trouble de la lecture, selon les résultats d'une étude publiée ce mercredi. Les deux chercheurs sont parvenus à ces conclusions en comparant deux groupes de 30 étudiants, l'un composé de dyslexiques et l'autre de non dyslexiques.

Le cerveau créé des "images miroirs"

Chez les personnes qui ne sont pas atteintes de dyslexie, ces récepteurs de la lumière n'ont pas la même forme d'un œil à l'autre: ils sont asymétriques. Le cerveau choisit donc le signal envoyé par l'un des deux yeux pour créer l'image que voit la personne. 

Chez les dyslexiques, en revanche, cette zone de l'œil -précisément les "centroïdes de la tache de Maxwell"- est symétrique dans les deux yeux, selon cette étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B. Cela pourrait être source de confusion pour le cerveau en créant des images miroirs entre lesquelles il est incapable de choisir. 

"Nos observations nous permettent de penser que nous avons trouvé une cause potentielle de la dyslexie, affirme à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Guy Ropars. L'asymétrie est nécessaire pour éliminer l'image miroir, qui empêche une lecture normale si elle persiste comme chez les dyslexiques."

Un b apparaît d

La dyslexie est un trouble de la lecture qui apparaît "dès les premiers moments de l'apprentissage", selon la Fédération française des dys. "Le trouble se manifeste par une incapacité à mémoriser la forme visuelle des mots et à les reconnaître globalement, précise son site. Ceci entraîne une lecture généralement hésitante, ralentie, émaillée d'erreurs qui a pourtant exigé beaucoup d'efforts. L'orthographe, qui normalement se développe au fur et à mesure que s'automatise la reconnaissance globale des mots, est touchée."

Concrètement, "si par exemple vous regardez la lettre b, votre œil directeur va parfaitement l'imprimer dans une partie de votre cerveau tandis qu'une image inversée fantôme, donc un d, sera stockée dans une autre partie", explique Albert Le Floch, l'autre auteur de l'étude, pour Ouest France. "La personne dyslexique n'arrive pas à éliminer le fantôme", précise Guy Ropars pour BFMTV.

"Trop d'a priori concernant le 'dyslexique'"

Une découverte qui va permettre d'offrir des solutions aux personnes dyslexiques. Les chercheurs ont mis au point une "lampe magique", qui permet de corriger la lecture. Elle émet une lumière flash qui efface l'image miroir. "La personne qui voyait un b et un d, sous cette lumière, la lettre devient claire", ajoute-t-il.

"L'existence des délais entre l'image primaire et l'image miroir dans les hémisphères opposés (de l'ordre de 10 millisecondes) nous a permis de mettre au point une méthode pour effacer l'image miroir qui gêne tant les dyslexiques", grâce à l'utilisation d'une sorte de lampe stroboscopique à LED, indique Guy Ropars. 

Cette découverte pourra certainement participer à changer le regard sur ce handicap. La dyslexie toucherait quelque 700 millions de personnes dans le monde. Valentin Mathé, fondateur de La Poule qui pond, une maison d'édition spécialisée, regrettait pour Le Figaro qu'il y a ait "encore aujourd'hui trop d'a priori concernant le 'dyslexique'".

"On imagine que c'est le cancre, celui qui travaille mal à l'école (...) C'est un parcours du combattant de faire reconnaître le handicap. Car le problème de la dyslexie c'est qu'elle n'est pas visible."

C.H.A. avec AFP